|
|
Chapitre
VI
Le PSOE proclame son objectif de former un «homme nouveau» apte à vivre dans
une «nouvelle société»[1].
Quel type humain la révolution culturelle va-t-elle engendrer ?
1. Un Espagnol qui renie son passé
Cette révolution culturelle est une négation radicale de nos traditions
chrétiennes, écrit TFP-Covadonga. Pour elle, le progrès ne consiste
absolument pas en un perfectionnement moral et spirituel qui suive les
traces de nos pères. Si cette révolution triomphe, les Espagnols auront
toujours dans les veines le sang de leurs ancêtres, mais ils n'auront plus
rien de leur mentalité, de leur caractère ou de leur esprit.
2. Un homme sans certitudes, qui vit du consensus
Les Espagnols sont catégoriques et, souvent, cette louable caractéristique a
pu s'exacerber, donnant lieu à un individualisme désordonné et stérile.
Le type humain forgé par la révolution culturelle tombera dans l'exagération
opposée.
Le relativiste, par le fait même qu'il n'a pas de certitudes, est vacillant
dans ses analyses et ses jugements.
Pour se libérer du malaise inhérent à cette perpétuelle vacillation, il
cherche quelque chose qui vienne remplacer les certitudes qu'il a
abandonnées.
L'instinct de sociabilité lui offre une apparente solution : penser,
vouloir et sentir comme tout le monde, en évitant le désagrément d'avoir à
résister à l'ambiance dominante. Le relativiste se transforme en esclave du
consensus. Qui saura manoeuvrer le consensus, pourra orienter la population
où il voudra.
Ce phénomène d'esclavage à un consensus de plus en plus libertaire et
égalitaire - auquel tous participent, sauf Dieu, qui en est le grand absent
- n'est pas nouveau. Un groupe de sociologues a constaté l'existence d'un
fait inquiétant qui s'est généralisé dans la jeunesse espagnole :
«l’exaltation de l'idée communautaire (l'âme est celle du groupe) et du
sentiment quasi tribal du 'nous autres' », accompagné de la «dévalorisation
du mérite et du travail» et d'une «attitude ludique et hédoniste» devant la
vie[2].
Collectivisme psychique, rejet de la discipline et de l'effort, exaltation
du caprice, éviction de la raison et de la logique, telles sont les
caractéristiques d'une existence tribale primitive.
L'immersion dans ce consensus général, relativiste, évolutif et égalitaire,
préparera ainsi les Espagnols à la vie dans les communes autogestionnaires,
objectif ultime des communistes, anarchistes et socialistes. NOTES
[1]
Felipe Gonzalez et Alfonso Guerra affirment : «La construction d'une
société socialiste autogestionnaire est une tâche difficile, difficile et
peut-être longue (...) Ce qui est en jeu, c'est la transformation profonde
de la société, la conquête de relations entre les hommes radicalement
différentes de celles qui existent aujourd'hui; ce qui est en jeu, en deux
mots, c'est de changer la vie (...) Dans cette phase de construction du
socialisme, il s'agit de remplacer les institutions et structures du
système capitaliste par un nouveau mode de production, par de nouvelles
relations sociales de production, par un homme nouveau et une société
nouvelle» (Felipe Gonzalez y Alfonso Guerra, PSOE, Albia, Bilbao, 1977, pp.
19 et 22).
[2]
Cf. Fundacion Santa Maria, «Informe
sociologico sobre la juventud española 1960/1982», in Comentario Sociologico,
janvier-juin 1985, pp. 50 à 53.
Antérieur Table des matières Suivant
|