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Chapitre V
La
«psycho-chirurgie» révolutionnaire
Le patient se trouve être l'Espagne. Elle git anesthésiée
sur la table d'opération. Sur elle est effectuée avec rapidité, précision et
souplesse, la plus tranquille et la plus monstrueuse des chirurgies : au
cerveau, parce qu'on veut transformer sa mentalité ; au visage, parce qu'on
veut démolir ses institutions politiques et socio-économiques. Dans quelle
intention ? Eliminer les derniers restes de l'Espagne catholique et
chevaleresque au point de la rendre méconnaissable «à sa propre mère», comme
dit Alfonso Guerra.
Expliquons schématiquement le processus de cette
«psycho-chirurgie» :
a) Exacerber, par les moyens les plus divers, le rejet de
la façon d'être espagnole, catholique et traditionnelle. Ces moyens varient
depuis le style optimiste et insouciant de certains hommes publics mis en
vedette par les mass-media jusqu'à l'usage de la télévision et des autres
moyens d'information pour diffuser l'immoralité, la vulgarité, l'athéisme
et le blasphème; de l'appui officiel à la contre-culture «libératrice» à une
éducation relativiste et permissive; du dénigrement des héros et des hauts
faits de l'Histoire espagnole à l'exacerbation artificielle de
l'indépendantisme.
b) L'Espagnol commun, dont le sens critique se trouve
émoussé, tend ainsi à accepter la rupture de la nation avec son passé et la
dérive déchristianisante qui en découle comme si elles étaient le fruit d'un
consensus spontané et majoritaire et non d'un programme. Il y est enclin
surtout parce que cette évolution lui est présentée comme une simple
«modernisation» - phénomène ambigu, indéfini, mais perçu comme incoercible.
En réalité, la majorité des Espagnols n'aurait pas accepté cette évolution
si on ne l'avait pas plongée dans l'apathie et soumise à une manipulation
psychologique très élaborée.
c) Ce processus permet au socialisme d'entreprendre des
réformes légales révolutionnaires, qui avec le temps sont considérées comme
normales. C'est ce qui se passe avec la LODE (loi organique pour le droit à
l'éducation), l'avortement, l'homosexualité, la réforme agraire, la drogue,
la loi organique du Pouvoir judiciaire, etc...
d) Comme le processus est graduel et évite de prendre les
allures d'une action concertée ou d'effectuer des interventions trop
brusques, le dépérissement des institutions traditionnelles et la
désagrégation sociale se produisent dans un style et à un rythme qui ne
provoquent pas le réveil de l'opinion publique.
En somme, tout cela se passe comme si l'on était dans une
salle d'opération. L'Espagnol «anesthésié» consent avec somnolence à ce que
sa mentalité soit manipulée, «psycho-opérée». C'est une tentative de créer
un type humain capable d'assimiler entièrement la révolution culturelle
socialiste.
L'Espagne, comme telle, est aujourd'hui menacée de mort.
On veut anéantir son identité.
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