Extraits du livre En Défense de l’Action Catholique (Plinio Corrêa de Oliveira, 1943)
C’est le conseil de Saint-Jacques : « Ne vous y trompez pas, mes frères bien-aimés » (Jc 1,16). Soyons très attentifs, rusés, habiles et prudents pour discerner la bonne doctrine de la mauvaise.
Mais cela ne suffit pas. Les doctrines assument un corps chez les hommes. Nous devons être perspicaces, sagaces et prudents aussi en ce qui concerne les hommes.
Sachons comment discerner un ennemi et le combattre avec les armes de la charité et de la fortitude :
« Mais l’Esprit dit expressément que, dans les temps qui viendront, quelques-uns abandonneront la foi, s’attachant à des esprits d’erreur et à des doctrines de démons, par suite de l’hypocrisie d’hommes proférant le mensonge et dont la conscience porte la marque de l’infamie… » (1 Tm 4,1-2).
En ce qui concerne les doctrines et les endoctrineurs, ce conseil est approprié non seulement dans le domaine théologique, philosophique, politique, social ou économique, mais encore et aussi dans tout autre domaine d’intérêt pour l’Eglise :
« Et ce que je demande, c’est que votre charité abonde de plus en plus en connaissance et en toute intelligence, pour apprécier ce qui est meilleur, afin que vous soyez purs et irrépréhensibles pour le jour du Christ » (Phil 1, 9-10).
En effet, dans cet âge fort triste de ruine et de corruption, il serait inconcevable qu’il n’existe pas, comme au temps des Apôtres, « de faux apôtres, des ouvriers trompeurs, qui se transforment en apôtres du Christ. Et cela n’est pas étonnant, car Satan lui-même se transforme en Ange de lumière. Il n’est donc pas étrange que ses ministres se transforment en ministres de justice ; mais leur fin sera conforme à leurs œuvres » (2 Cor 11,13-15).
Quel autre type d’arme y a-t-il contre ces ministres, sinon l’astuce nécessaire pour distinguer, par leurs actions et doctrines, les enfants de la lumière de ceux des ténèbres ?
La vigilance contre les prédicateurs de fausses doctrines qui sont plus douces, plus faciles et donc plus trompeuses, ne doit pas être seulement pénétrante mais aussi constante :
« Je vous exhorte, frères, à prendre garde à ceux qui causent des divisions et des scandales contre la doctrine que vous avez apprise, et à vous éloigner d’eux. Car ces hommes-là ne servent point le Christ Notre Seigneur, mais leur ventre ; et par des paroles douces et flatteuses, ils séduisent les cœurs des simples. En effet, votre obéissance s’est fait connaître en tout lieu. Je me réjouis donc à votre sujet ; mais je désire que vous soyez sages pour le bien, et simples en ce qui concerne le mal. Que le Dieu de paix écrase bientôt Satan sous vos pieds ! Que la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous ! » (Rm 16,17-20).
« Sages pour le bien, et simples en ce qui concerne le mal ! » Combien y en a-t-il qui ne prêchent que la naïveté et la candeur au service du bien, mais qui possèdent une sagesse terrible pour répandre le mal !
Cette sagesse serpentine et rusée pour le bien est une vertu tout aussi évangélique que l’innocence de la colombe : «Je dis cela, afin que personne ne vous trompe par des discours élevés» (Col 2,4).
« Prenez garde que personne ne vous séduise par la philosophie et une vaine tromperie, selon la tradition des hommes, selon les éléments du monde, et non selon le Christ » (Col. 2,8).
« Que personne ne vous séduise, en affectant l’humilité et en rendant un culte aux Anges, s’égarant en des choses qu’il n’a pas vues, enflé d’un vain orgueil par un sens charnel » (Col 2,18).
L’Église est militante et nous sommes ses soldats. Est-il nécessaire de citer plus de passages pour prouver que nous devons être non seulement des soldats, mais plus encore des soldats vigilants ? L’expérience montre que les meilleures vertus militaires ne valent rien sans la vigilance. Que cela suffise à convaincre les membres d’Action Catholique que chacun d’entre eux, en tant que « miles Christi » doit développer à un haut degré non seulement l’innocence de la colombe, mais aussi la ruse du serpent s’ils veulent suivre le saint Evangile dans son intégrité.