Méditation à propos de la mort de Louis XVI (21/01/1793)

Catolicismo, São Paulo (Brésil), n° 508, avril 1993, pages 9 et 10 (*)

Plinio Corrêa de Oliveira
À la demande de la TFP française, le célèbre penseur catholique Plinio Corrêa de Oliveira a écrit une touchante méditation sur la mort de Louis XVI, pour l’occasion des célébrations du bicentenaire de cet événement tragique, le 21 janvier 1993. Ci-après des extraits de ce texte.
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Prière
Ô Très Sainte Vierge Marie, compte tenu de tout ce que ce pauvre Roi a dû souffrir pour avoir été doux, nous Vous demandons de nous obtenir la grâce de ne jamais être doux face à la Révolution, de ne manquer aucune occasion de la combattre, et de nous battre sans relâche ! Obtenez-nous la grâce d’employer tous les moyens pour contenir l’élan de la Révolution, l’anéantir et faire triompher partout la Sainte Église et la Civilisation Chrétienne, pour qu’ainsi Vous vainquiez, ô Marie, Reine du Ciel et de la Terre, et que Votre Divin Fils triomphe. Vous vainquez, ô Marie, Vous dont la victoire est nécessairement et magnifiquement celle de Votre Divin Fils.
Ô Marie, que Votre Royaume vienne à nous, pour que le Royaume de Jésus nous arrive aussi. Ordonnez que les événements prédits par Vous à Fátima soient accélérés, afin que l’ère actuelle où règne la Révolution satanique et égalitaire, dont l’exécution de Louis XVI ne fut qu’un geste caractéristique et poignant, se termine le plus tôt possible et que Votre Royaume advienne. Et cela, non pas pour être le royaume des paresseux et des faibles qui, finalement, vainquirent uniquement parce que Vous êtes intervenue auprès de Vos Anges en leur faveur ; mais, oui, qu’il soit le royaume des héros qui combattirent comme des géants, parce que la grâce et les vertus chrétiennes, notamment celles de la pureté, de la force et de l’humilité, les nimbèrent comme une couronne, alors qu’ils savaient être, tout en même temps, terribles au moment du combat et humbles à l’heure de la victoire.
Louis XVI montant sur l’échafaud avec les mains liées, comme Notre Seigneur
Les hommes de main du bourreau Sanson s’approchèrent de Louis XVI et voulurent lui lier les mains.
« M’attacher ? Non, je n’y consentirai jamais ! dit Louis XVI.
Le curé lui murmura :
« Sire, dans ce nouvel affront, je ne vois qu’une dernière similitude entre vous et le Dieu qui sera votre récompense. »
Ces paroles sublimes du prêtre encouragèrent la piété du roi. Louis XVI tendit les mains :
« Faites alors ce que vous voulez ! »
Et les hommes de Sanson, en dignes représentants de la Révolution dont ils furent les complices, lièrent les mains du Roi. Et c’est ainsi que, dans l’intention d’imiter Notre Seigneur Jésus-Christ, dont les mains divines furent liées par ses bourreaux pendant la Passion, le roi gravit, pas à pas, les escaliers de la potence et se dirigea résolument vers la guillotine.
Ses derniers mots
Il donne alors un signal aux tambours devant lui. Impressionnés, les soldats arrêtèrent de battre :
« Français, cria le roi d’une voix audible jusqu’au bord de la place, je meurs innocent ! Je pardonne aux responsables de ma mort, et je demande à Dieu que le sang qui sera versé ne retombe jamais sur la France ! Et vous, ô malheureux… » Le roi entendait poursuivre son discours, mais un homme à cheval, en uniforme de la garde nationale, jeta son épée sur l’un des tambours et les obligea à couvrir la voix du roi de leur bruit. En ce moment suprême, à deux pas de la guillotine, les révolutionnaires craignaient encore que les paroles du Roi n’émussent la foule et que tout le processus révolutionnaire ne fît marche arrière. (cf. G. Lenôtre et André Castelot, Les grandes heures de la Révolution française – La mort du Roi, p. 295).
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L’exécution de Louis XVI
Les bourreaux étendirent le roi sur la plate-forme de la guillotine. La lame atterrit lourdement sur l’arrière de la tête du roi, et la tête roula par terre.
Le tristement célèbre bourreau la prit alors qu’elle était encore ruisselante de sang et fit le tour de l’échafaud, afin que tout le peuple sût que le roi avait été décapité. Pour Louis XVI, la lumière du soleil ne brillera plus dans ce monde, jusqu’au jour de la résurrection.
C’est au moment où le roi s’étendait pour recevoir le coup fatal que, selon certains récits, l’abbé Edgeworth de Firmont lança ces paroles sublimes : « Fils de Saint Louis, montez au ciel ! »
Plusieurs témoins confirment l’authenticité de cette apostrophe. Le prêtre irlandais a cependant toujours nié l’avoir dite. On peut donc en conclure que l’abbé de Firmont ait lancé cette exclamation sous le coup d’une inspiration divine, avant de l’oublier (ce qui se comprend facilement, en raison de l’émotion dont il était complètement envahi), ou bien que la phrase ait été inventée par quelqu’un d’autre pour exprimer, d’une manière finalement très juste, la réalité profonde de ce moment historique. (cf. Nesta H. Webster, Louis XVI and Marie Antoinette during the Revolution, Constable and Company Ltd, Londres, p. 524; Weiss, Historia Universal, Tipografia La Educación, Barcelona, 1931, vol. XVII, p. 98).
Du Ciel, Louis XVI contemple la France d’aujourd’hui
Qui peut vraiment douter qu’une mort survenue dans ces conditions ait été suivie de l’ouverture, grande et large, des portes célestes, pour l’âme de cet émouvant fils de Saint Louis ?
Du haut du Ciel, il contemple, avec cette bienveillance qui aurait dû être secondée tant de fois par la force, la France d’aujourd’hui. Et comme celui qui est au Ciel ne subit pas les tourments du repentir, puisqu’il est déjà pardonné de tous ses péchés et n’a plus de pardon à demander, il regarde sa nation, cette chère France, cette grande France, cette France que Notre-Dame ne cesse d’aimer et de favoriser, et néanmoins, comme la plupart des nations de notre époque, elle ne cesse de L’offenser et de La renier. Certes, il prie la Vierge Mère pour la France, afin qu’elle se délivre vigoureusement et victorieusement du joug de la Révolution.
C’est le pardon d’un roi catholique, d’un fils de Saint Louis.
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Pendant ce temps, l’abbé Edgeworth de Firmont s’éloigna peu à peu de la potence, où sa présence n’avait plus de raison d’être. Lorsqu’il atteignit la foule, il craignit que celle-ci ne le lapide. Mais, par un mystère sublime, dans cette vie si pleine de mystères, le prêtre s’en sortit indemne et disparut dans la ville, sans que personne ne cherchât à l’attraper.
Au Temple, les tambours des gardes se mirent à battre. Sous les fenêtres du donjon, les sentinelles s’écrièrent : « Vive la République ! » Marie-Antoinette comprit tout… Elle se sentit envahie par la douleur, le jeune prince fondit en larmes, Madame Royale poussa des cris perçants et, le corps convulsé de sanglots, la reine s’effondra sur son lit. Soudain, elle se leva, s’agenouilla devant son fils et le salua comme roi.
Cet enfant, Louis XVII, successeur de Louis XVI, disparu mystérieusement de la prison du Temple ou fut tué par ses bourreaux. La question fait encore couler beaucoup d’encre aujourd’hui. D’autre part, Madame Elisabeth, sœur du roi, fut également condamnée.
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Madame Royale et Louis XVII
Madame Royale, fille des malheureux monarques, après trois ans de captivité solitaire dans la Tour du Temple, fut finalement échangée contre des révolutionnaires tombés au pouvoir des Autrichiens.
L’abbé de Firmont, qui avait sa tête mise à prix, resta en liberté, mais vécu en fuite d’un bout à l’autre de la France, jusqu’à ce qu’il apprenne l’exécution de Madame Elisabeth, qu’il comptait servir.
Désormais, la fidélité à son monarque lui demande un nouveau sacrifice : l’exil ! Cet exil eut pour aspiration d’aller trouver les frères de Louis XVI, le Comte de Provence, futur Louis XVIII et le Comte d’Artois, futur Charles X, et de se mettre à leur service. Après avoir accompagné la famille royale sur tout le chemin de l’exil, il rendit son âme à Dieu en 1807, à l’âge de 62 ans.
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Des symboles qui ne meurent pas
Cette histoire est-elle terminée ? S’il y a une histoire qui n’a pas de fin, c’est bien celle-là. Car le souvenir de Louis XVI, comme celui de Marie-Antoinette, continue de vivre. Ce sont des symboles qui ne meurent jamais dans les mémoires, ni dans le cœur de nombreux Français. Soit parce qu’ils sont aimés comme ils le méritent, ou parce qu’ils sont haïs par ceux qui ne les méritent pas. Mais, d’une certaine manière, ils symbolisent la lutte entre le bien et le mal, entre la Révolution et la Contre-Révolution. Tous ceux qui ont une étincelle de Contre-Révolution dans l’âme s’en rappelleront toujours avec un respect fidèle et une profonde douleur. Mais ils seront considérés avec une haine extrême par tous les serviteurs de l’esprit de Satan, qui déteste toutes les inégalités et hait ce Roi, dont le grand défaut fut pourtant son excès de mansuétude. (On peut en dire autant de Marie-Antoinette).
Il faut encore une fois se tourner vers ces martyrs et leur demander de nous obtenir de Dieu de la force, une grande force et encore de la force ! Force pour la justice, force pour le bien, force pour la Contre-Révolution. Force dans votre service, Sainte Marie notre Mère, en faveur de votre Divin Fils, notre Sauveur et Rédempteur. Force, enfin, en faveur de la Sainte Église et de la Civilisation Chrétienne.
Rendez-nous forts pour qu’en Vous aimant de l’amour de l’homme fort, nous sachions vous servir avec dévouement et efficacité, afin que votre Royaume sur terre arrive le plus tôt possible, ô Marie, ô Jésus !

(*) Traduction sans révision par l’auteur.

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