Les leaders socialistes espagnols déclarent que dans leur pays une grande révolution est en cours. Le Vice-président du gouvernement, Alfonso Guerra, se vante dans un langage peu académique que le PSOE réalisera des transformations tellement grandes que «l'Espagne ne sera plus reconnaissable même par la mère qui l'a mise au monde» [1]. Un autre chef socialiste, Rodriguez de la Borbolla, n'est pas moins emphatique quand il annonce : «Nous sommes en train de changer le pays et nous allons le retourner comme une chaussette» [2].

Laissant les métaphores de côté, Alfonso Guerra explique la portée de la révolution entreprise par le PSOE: «Nous avons fait une révolution silencieuse dans les moeurs (...) Le peuple espagnol est le plus tolérant dans les moeurs, le plus progressiste dans les moeurs, celui qui se déclare le plus à gauche (...) Nous avons fait une révolution absolument terrible. Nous ne nous en sommes pas rendus compte, et c'est presque mieux encore. Il y a dans ce pays une révolution culturelle vraiment effarante. Il reste encore beaucoup à faire, sans aucun doute. Mais il y a une attente (...) Et ces révolutions, qui sont beaucoup plus tranquilles que les révolutions politiques, sont en train de se produire en Espagne» [3].

Que veulent dire les socialistes quand ils parlent de révolution «effarante» (asombrosa), «terrible» (tremenda), mais en même temps «silencieuse» et «tranquille» ?

Il s'agit d'une révolution qui ne met plus l'accent sur les expropriations, sur le collectivisme et la violence. Cette révolution se propose, par le moyen de tactiques nouvelles, capables de distraire et d'endormir l'opinion publique, de changer radicalement les mentalités et de créer ainsi les conditions de modifier ensuite les structures. Si elle parvient à triompher, ses effets seront redoutables. Pour Alfonso Guerra, il s'agit d'une véritable révolution culturelle.

Voyons ce que signifie cette expression.

NOTES

[1] ABC, 2-6-86

[2] ABC, 2-6-86

[3] Diario 16, 5-7-85