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Plinio Corrêa de Oliveira
Chapitre IV
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Publié dans Catolicismo, São Paulo, Brésil, Avril 1959 (I et II), Janvier 1977 (III) Edité par la Société Française pour la Défense de la Tradition, de la Famile et de la Propriété - TFP 2, avenue de Lowendal 75007 PARIS Dépôt légal : 4ème trimestre 1997 ISBN: 2-901039-24-3 |
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Le processus révolutionnaire - cela ressort du chapitre précédent - n'est que le développement, par étapes, de certaines tendances déréglées de l'homme occidental et chrétien ainsi que des erreurs qui en ont procédé. Ces tendances et ces erreurs possèdent, à chaque phase, un aspect propre. La Révolution se métamorphose donc tout au long de l'Histoire. Ces métamorphoses qui se constatent dans les lignes générales de la Révolution se répètent, à plus petite échelle, dans chacun de ses grands épisodes. C'est ainsi que l'esprit de la Révolution française se servit, dans sa première phase, du masque et du langage aristocratiques, et même ecclésiastiques. Il fréquenta la cour et prit place au Conseil du roi. Il devint ensuite bourgeois et travailla à l'abolition non sanglante de la monarchie et de la noblesse ainsi qu'à la suppression voilée et pacifique de l'Eglise catholique. Dès qu'il put, il se fit jacobin et s'enivra de sang sous la Terreur. Mais les excès pratiqués par la faction jacobine éveillèrent des réactions. L'esprit de la Révolution recula alors en parcourant le même chemin. De jacobin il redevint bourgeois sous le Directoire; avec Napoléon, il tendit la main à l'Eglise et ouvrit les portes à la noblesse exilée; il applaudit enfin le retour des Bourbon. La Révolution française terminée, le processus révolutionnaire ne s'en achève pas pour autant. Le voilà qui explose à nouveau avec la chute de Charles X et l'ascension de Louis-Philippe, et ainsi de suite par métamorphoses successives, tirant partie de ses succès et même de ses revers, il est arrivé au paroxysme actuel. La Révolution se sert donc de ses métamorphoses non seulement pour avancer, mais aussi pour effectuer les reculs tactiques qui lui ont été tant de fois nécessaires. Mouvement toujours vivant, elle a parfois simulé la mort. Et c'est là une de ses métamorphoses les plus intéressantes: en apparence, la situation d'un pays présente un calme plat; la réaction contre-révolutionnaire se relâche et s'assoupit. Mais dans les profondeurs de la vie religieuse, culturelle, sociale ou économique la fermentation révolutionnaire continue à gagner du terrain. Et au terme de cette rémission apparente, éclate une convulsion inattendue, souvent plus forte que les précédentes.
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