Après avoir décrit la complexité et l'ampleur du processus révolutionnaire dans les profondeurs les plus intimes des âmes et par conséquent de la mentalité des peuples, il est plus facile de mettre en relief toute l'importance de la culture, des arts et des ambiances dans la marche de la Révolution.

1. La culture

Les idées révolutionnaires fournissent aux tendances qui les ont engendrées le moyen d'affirmer leur droit de cité aux yeux de l'individu lui-même et des tiers. Elles servent au révolutionnaire à ébranler chez les autres les convictions véritables et à déchaîner ainsi en eux la révolte des passions. Elles inspirent et moulent les institutions engendrées par la Révolution. Les branches les plus diverses du savoir ou de la culture sont toutes concernées, car il est difficile que l'une d'entre elles échappent, au moins indirectement, à la lutte entre la Révolution et la Contre-Révolution.

2. Les arts

Dieu ayant établi de mystérieuses et admirables relations entre certaines formes, couleurs, sons, parfums, saveurs et certains états d'âme, les arts peuvent évidemment influencer de façon intense les mentalités et former, dans les individus, les familles et les peuples, un état d'esprit profondément révolutionnaire. Il suffit de se rappeler l'analogie qui existe entre l'esprit de la Révolution française et les modes qui apparurent alors, ainsi qu'entre les effervescences révolutionnaires d'aujourd'hui et les extravagances actuelles des modes comme des écoles artistiques dites avancées.

3. Les ambiances

Quant aux ambiances, dans la mesure où elles favorisent de bonnes ou de mauvaises mœurs, elles peuvent opposer à la Révolution les admirables barrières d'une réaction - au moins d'une inertie - de tout ce qui est sainement coutumier, ou peuvent communiquer aux âmes les toxines et les énergies terribles de l'esprit révolutionnaire.

4. Rôle historique des arts et des ambiances dans le processus révolutionnaire

C'est pourquoi il faut reconnaître que, dans le concret, la démocratisation générale des mœurs et de la manière de vivre, poussée aux extrêmes d'une vulgarité systématique et croissante, ainsi que l'action prolétarisante d'un certain art moderne contribuèrent au triomphe de l'égalitarisme autant ou plus que l'introduction de certaines lois ou de certaines institutions essentiellement politiques.

Aussi celui qui parviendrait, par exemple, à faire cesser l'immoralité ou l'agnosticisme du cinéma et de la télévision aurait-il fait beaucoup plus pour la Contre-Révolution que s'il avait provoqué la chute d'un cabinet de gauche, dans la routine d'un régime parlementaire.

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