Plinio Corrêa de Oliveira
La cité médiévale et la cité moderne
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Quand on observe sur les miniatures médiévales une ville vue de loin, celle-ci se présente d'une façon complètement différente de la ville moderne.
La ville moderne a des contours imprécis, irréguliers, elle est comme une tumeur qui s'étend davantage d'un côté que de l'autre, de telle façon que dans une certaine direction elle a beaucoup grandit, et de l'autre il existe encore des zones vierges qui arrivent presque jusqu'à son centre. La ville médiévale nous donne l'impression d'être une monnaie bien frappée. Elle est pleine de maisons, à l'intérieur d'une enceinte délimitée par un mur et surélevée par des tours. La limite est définie et claire : au-delà du mur, les champs; à l'intérieur du mur, la ville. Le mur est la splendeur de la ville, il semble l'environner d'une couronne faite de murailles, lui assurant la possibilité de se défendre par elle-même et de maintenir son autonomie. Vue ainsi dans son ensemble, la ville donne l'impression d'être un coffre aux trésors. De fait, émerge de son intérieur des choses précieuses : les clochers des églises, les flèches des cathédrales avec les rosaces et les vitraux, les tours de l'un ou l'autre palais, etc. Il semblerait qu'entre ses tours il y existe une sorte de compétition pour atteindre le ciel. Les rues ne correspondaient pas beaucoup aux idées de l'urbanisme moderne. Elles étaient sinueuses, capricieuses, inattendues, avec d'importantes singularités. Les maisons n'avaient pas de numéros. Il n'y avait aucune publicité immorale qui auraient pu offenser les bonnes mœurs.
Bien différentes, sont les rues des "pommes" urbaines de nos jours, carrées et coupées en angle droit, étant un peu ce qu'est la dactylographie pour la calligraphie : la lettre dactylographiée est irrépréhensible; la lettre manuscrite est souvent irrégulière, parfois jusqu'à la laideur, mais elle est l'expression d'une âme. Qu'expriment ces quadrilatères urbains ? Les âmes d'homme sans âme... |