Plinio Corrêa de Oliveira

 

 

Luther se prend pour Dieu !

 

 

 

Folha de S. Paulo, le 10 janvier 1984 (*)

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Il y a 482 ans, le 31 octobre 1517, Luther t afcher aux portes de l'église du château de Wittemberg ses fameuses 95 propositions qui signaient sa révolte contre l'Eglise catholique. A ce sujet, nous offrons aux lecteurs d’Aperçu le deuxième article du Pr Plinio Corrêa de Oliveira écrit en janvier 1984, suite du bulletin précédent.

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Je ne comprends guère comment des hommes d’Église contemporains, même des plus cultivés, des plus savants ou des plus illustres, en viennent à mythier la gure de Luther, l’hérésiarque, pour favoriser dans l’immédiat un rapprochement œcuménique avec le protestantisme, puis indirectement avec toutes les religions, écoles philosophiques, etc. Ne discernent-ils pas le péril qui nous guette tous au bout du chemin ? Autrement dit, la formation à l'échelle mondiale d’un sinistre supermarché de religions, de philosophies et de systèmes de tous ordres, où la vérité et l’erreur se présenteront pêle-mêle, en morceaux ? Si l’on en arrivait là, une seule chose au monde aurait disparu : l’entière vérité, autrement dit la foi catholique apostolique romaine, sans fraude ni souillure.

D’ailleurs sur Luther, qui pourrait, dans une certaine mesure, servir de point de départ pour ce cheminement vers la confusion totale, je publie aujourd'hui encore quelques passages montrant justement quelle odeur sa gure de révolte répandrait dans ce supermarché, ou plutôt dans ce cimetière des religions, des philosophies, et de la pensée humaine elle-même.

Comme promis dans mon précédent article, je les extrais du magnifique ouvrage du père Leonel Franca SJ., L'Eglise, la Reforme et la Civilisation (éd. Civilização Brasileira, Rio de Janeiro, 3e éd. 1934, 558 p.).

 Dans l’enseignement de Luther, l'élément le plus caractéristique est la doctrine de la justification indépendamment des œuvres ; soit, en termes plus courants, la doctrine selon laquelle les mérites surabondants de Notre Seigneur Jésus-Christ garantissent à tout homme le salut éternel. Ce qui permet de mener ici-bas une vie de péché, sans remords de conscience ni crainte de la justice divine.

La voix de la conscience était donc pour lui, non pas celle de la grâce, mais... celle du démon !

1. C’est pour cela qu’il écrit à un ami que l’homme inquiété par le démon doit de temps en temps « boire avec plus d'abondance, jouer, se divertir, et même faire quelque péché en haine et mépris du diable, pour ne pas lui laisser la possibilité de nous tourmenter la conscience avec des broutilles. (...) C’est tout le décalogue qu’il nous faut effacer de nos yeux et de notre âme, nous qui sommes tellement persécutés et molestés par le diable » (M. Luther, Briefe, Sendscreiben und Bedenken, ed. De Wette, Belin, 1825-1828 - cf. op. cit., p. 199-200).

2. Dans ce sens, il écrit également : « Dieu ne t’oblige qu’à croire et à confesser. Pour tout le reste, il te laisse libre et maître de faire ce qu’il te plaît, sans nul péril de conscience; à coup sûr, en soi cela lui est bien égal, même que tu abandonnes ta femme, que tu quittes ton seigneur, que tu sois infidèle à tout lien. Que lui importe (à Dieu) que tu fasses ou non de telles  choses ? » (Merke, éd. de Weimar, XII, p. 131 et suiv. – cf. op. cit., p. 446).

3. Plus flagrante encore cette incitation au péché, dans une lettre adressée à Mélanchton, le 1er août 1521 : « Sois pécheur et pèche fortement (esto peccator et pecca fortiter), mais crois plus fermement encore et réjouis-toi dans le Christ, vainqueur du péché, de la mort et du monde. Durant cette vie présente, il nous faut pécher. Il suft que par la miséricorde de Dieu nous connaissions l’Agneau qui enlève les péchés du monde. Le péché ne pourra pas nous séparer de lui ; même si nous commettions chaque jour mille homicides et mille adultères » (Briefe, Sendschreiben und Bedenken, ed. De Wette, II, p. 37 – cf. op. cit., p. 439).

4. Cette doctrine est si extravagante que Luther lui-même ne parvenait qu’à grand-peine à y croire : « Il n’y a sur toute la Terre aucune religion qui enseigne cette doctrine de la justication; moi-même, qui pourtant l’enseigne publiquement, j’ai personnellement une grande difficulté à y croire » (Werke, éd. de Weimar, XXV, p. 330 - cf. op. cit., p. 158).

5. Quant aux effets dévastateurs d’une prédication qui manquait manifestement de sincérité, Luther les reconnaissait lui-même : « L’Evangile trouve aujourd’hui des adhérents convaincus que cette doctrine ne sert pas à autre chose qu’à se remplir le ventre et donner libre cours à tous ses caprices » (Werke, éd. de Weimar, XXIII, p. 2 – cf. op. cit., p. 440).

« Une fois compris que les bonnes œuvres ne sont pas nécessaires à la justification, on devient beaucoup plus négligent et froid dans la pratique du bien. (...) Et s’il était possible aujourd'hui de revenir à l’ancien état de choses, si l’on faisait revivre la doctrine qui afrme la nécessité de  faire le bien pour être saint, tout autre serait notre enthousiasme et notre empressement à faire le bien » (Werke, éd. de Weimar, XXVII, p. 443 - cf. op. cit., p. 441).

6. Toutes ces insanités expliquent comment Luther a pu arriver à la frénésie d’un orgueil satanique, disant de lui-même : « Ce Luther ne vous paraît-il pas un homme extravagant ? Quant à moi, je pense qu’il est Dieu. Autrement, comment ses écrits et son nom auraient-ils la puissance de transformer des mendiants en seigneurs, des ânes en docteurs, des faussaires en saints, du fumier en perles ! » (éd. Wittemberg, 1551, t. IV, p. 378 – cf. op. cit., p. 190).

7. D'autres fois, l’opinion que Luther avait de lui-même était beaucoup plus objective : « Je suis un homme exposé et compromis dans la société, dans la crapule, dans les mouvements charnels, dans la négligence et dans d’autres infirmités auxquelles viennent s'ajouter celles de mon état » (Briefe, Sendschreiben und Bedenken, ed. De Wette, I, p. 232 – cf. op. cit., p. 198).

Excommunié à Worms en 1521, Luther se livra à l’oisiveté et à la mollesse. Le 13 juillet, il écrivit encore à cet autre chef protestant, Mélanchton : « Je me trouve ici, insensé et endurci, xé dans l’oisiveté, oh douleur ! priant peu et ne gémissant plus pour l’Eglise de Dieu, parce que ma chair indomptée me met tout en ammes. En somme, moi qui devrais avoir la ferveur de l’esprit, j'ai la ferveur de la chair, de la concupiscence, de la paresse, de l’oisiveté et de la somnolence » (Briefe, Sendschreiben und Bedenken, ed. De Wette, II, p. 22 – cf. op. cit., p. 198).

Lors d'un sermon prêché en 1532 : « Quant à moi je confesse - et bien d’autres pourraient sans nul doute faire un aveu semblable - que je me suis ainsi relâché dans la discipline comme dans le zèle, je suis aujourd’hui bien plus négligent que sous la papauté ; personne n’a maintenant pour l'Evangile l’ardeur qu’on voyait autrefois » (Saeintliche Werke, éd. de Plochman-Irmischer, XVIII, p. 353 – cf. op. cít., p. 441).

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Comment peut-on donc trouver quelque chose de commun entre cette morale et celle de la Sainte Eglise Catholique Apostolique Romaine ?


(*) Aperçu, N° 31 – Décembre 1999.


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