Plinio Corrêa de Oliveira
La
politique vaticane de détente
Le 10 Avril 1974 (*) |
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Le croisé du XXe siècle – Plinio Corrêa de Oliveira, par Roberto de Mattei, avec Préface de S.Em. Alfons Maria card. Stickler S.d.B. - L’Age d’Homme, 1997, pages 265 et 266. |
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Nicolai Podgorny, chef du gouvernement soviétique, est reçu par Paul VI Le 10 avril 1974, en insertion publicitaire dans la Folha de S. Paulo, parut une ample déclaration de la TFP brésilienne intitulée La politique vaticane de détente envers les gouvernements communistes. Pour la TFP : ne pas intervenir ou résister ? En cette même année, à l’occasion d’un voyage à Cuba, Mgr [Agostino] Casaroli avait affirmé que « les catholiques qui vivent à Cuba sont heureux sous le régime socialiste » et que « les catholiques et, en général, le peuple cubain, n’ont pas la moindre difficulté avec le gouvernement socialiste » (82). Cet épisode est rappelé dans la déclaration de la TFP à côté d’autres non moins significatifs : le voyage en Russie en 1971 de Mgr Willibrands, président du Secrétariat pour l’Union des Chrétiens, afin de rencontrer l’évêque "orthodoxe" Pimène, homme de confiance du Kremlin, et le soutien accordé par le cardinal Silva Henriquez, archevêque de Santiago du Chili, au leader marxiste Salvador Allende. Face à ces faits, Plinio Corrêa de Oliveira, au nom de la TFP, écrivait avec un langage respectueux mais, en même temps, très ferme : « La diplomatie vaticane de détente avec les gouvernements communistes crée pour les catholiques anticommunistes une situation qui les touche profondément, mais beaucoup moins en tant qu'anticommunistes qu'en tant que catholiques. En effet on peut leur poser à tout moment une question fort embarrassante : l'action anticommuniste qu'ils entreprennent ne mène-t-elle pas à un résultat opposé à celui souhaité par le Vicaire de Jésus-Christ ? Peut-on concevoir un catholique cohérent dont l’action aille dans un sens opposé à celle du Pasteur des pasteurs ? Cette question implique par conséquent un dilemme pour tous les catholiques : cesser le combat, ou mettre au clair leur position. « Cesser le combat, nous ne le pouvons pas. Nous ne le pouvons pas à cause d'un impératif de la conscience catholique qui est la nôtre. Car, si le devoir de tout catholique consiste à faire le bien et combattre le mal, notre conscience nous impose de prôner la doctrine traditionnelle de l’Eglise et de lutter contre la doctrine communiste. (...) L’Eglise n’est pas, l’Eglise ne fut en aucun temps, l’Eglise ne sera jamais une prison pareille pour les consciences. Le lien d'obéissance au successeur de Pierre que nous ne briserons jamais, que nous aimons du plus profond de nos âmes, auquel nous consacrons le meilleur de notre amour - ce lien, nous l’embrassons au moment où, imprégnés de douleur, nous affirmons notre position. Et à genoux, un regard de vénération tourné vers la figure de S.S. le Pape Paul VI nous lui manifestons toute notre fidélité. « Dans cette démarche filiale nous disons au Pasteur des pasteurs : notre âme est Vôtre, notre vie est Vôtre. Commandez ce que vous désirez. Mais ne nous demandez pas de nous croiser les bras devant le loup rouge qui donne l'assaut. Notre conscience s’y oppose » (83). Notes : (82) Cf. O Estado de S. Paulo, 7 avril 1974. Au cours du Voyage qui eut lieu entre lê 27 mars et le 5 avril 1974 sur invitation de l’épiscopat cubain, Mgr Casaroli eut des entretiens avec des membres du gouvernement et avec Fidel Castro. L’année suivante il se rendit dans la République Démocrate Allemande et du 30 juillet au 1er août il participa en tant que délégué spécial de Paul VI, à la Conférence sur la « sûreté » de Helsinki où il signa, au nome du Saint-Siège, l’acte final. (83) P. CORREA DE OLIVEIRA, La diplomatie vaticane de détente avec les gouvernements communistes. (*) Le document fut publié intégralement dans “Catolicismo” (n. 280, avril 1974) et 36 journaux brésiliens. Il fut ensuite reproduit dans 73 journaux et revues de onze pays sans jamais recevoir aucune objection quant à son orthodoxie et à son exactitude canonique. |