Plinio Corrêa de Oliveira
Lettre de la TFP brésilienne à l’Archevêque de Olinda et Recife, Mgr Helder Camara
Le 21 juin 1968 (*) |
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Le Professeur Plinio Corrêa de Oliveira, président du Conseil National de la Société Brésilienne de Défense de la Tradition, Famille et Propriété, a adressé à Mgr. Helder Camara, Archevêque de Olinda et Recife, la lettre suivante, reproduite alors par la presse chilienne (cf. El Diario Ilustrado, 9-7-68) : La Société Brésilienne de Défense de la Tradition, Famille et Propriété, en vous présentant ses salutations respectueuses, attire l’attention de Votre Excellence sur le contenu du rapport destiné à la Conférence Episcopale Latino-américaine, dont l’auteur est le Révérend Père Comblin, professeur de l’Institut Théologique de Recife. Sans compter son aspect volumineux et diffus, le document est révélateur quant aux objectifs de son auteur et aux méthodes préconisées par celui-ci. Contre la location et les actionnaires Le Révérend Père Comblin cherche à implanter au Brésil la triple Réforme Urbaine, Agraire et de l'Entreprise, à partir de l’idée que la location d’immeubles urbains et ruraux, comme la réalisation de capitaux sous la forme de quotes-parts ou d'actions dans les entreprises commerciales, sont antisociales et injustes. La conséquence logique de cette affirmation du prêtre belge est que ces réalisations de capital et les locations doivent être interdites par la loi. Eloge du communisme cubain Considérant l’instauration du nivellement absolu des classes comme l’un des objectifs principaux du progrès, le Père Comblin fait l'éloge tant de la révolution communiste qui éclata dans les premières décennies de ce siècle au Mexique, que de la révolution de Fidel Castro, les jugeant hautement propices au progrès. Dictature pour écraser la majorité Pour réaliser les réformes d’inspiration nettement communiste qu'il souhaite pour le Brésil, le Père Comblin affirme qu'il est impossible de convaincre de leur utilité la majorité du Pays, qu'il accuse d’être imperméable aux mesures révolutionnaires et indolente. En conséquence, le professeur à l’Institut fondé par Votre Excellence, envisage deux révolutions, l’une dans l'Etat et l'autre dans l'Eglise. Révolution politico-sociale La révolution dans l'Etat consiste à renverser le Gouvernement par l’agitation de groupes de pression fanatisés, manœuvrant habilement l’opinion publique. Ce résultat une fois obtenu, le Père Comblin souhaite que les leaders de cette minorité d'agitateurs établissent sur le Pays une dictature de fer qui réalise des réformes égalitaires et spoliatrices, analogues à celles menées à bien par Fidel Castro à Cuba. Révolution dans l'Eglise Afin de donner à cette dictature minoritaire un appui qu'il juge indispensable, le Père Comblin - qui qualifie notre Episcopat et notre Clergé d'indolents et de complices des milliers d'abus attribués par lui aux élites dominantes - propose l'annulation virtuelle de l’autorité des Evêques, les soumettant à la dictature d'un organe qui serait, à ce qu'il laisse entrevoir, un véritable « politburo » ecclésiastique. Apparemment, le Père Comblin espère que les membres de cet organisme constitueront une camarilla d'Evêques extrémistes pour dominer l'Eglise au Brésil. Le Père Comblin demande, en outre, l’abolition de tous les Ordres religieux, fondus en une seule institution anorganique et totalitaire, mise au service du « politburo » épiscopal extrémiste, objet de ses rêves. Il demande également d’interdire désormais l’arrivée au Brésil de Prêtres venant suppléer à la déficience numérique du Clergé national. Liquidation des Forces Armées Pour parvenir à la réalisation de tous ces objectifs, le professeur de l'Institut Théologique de Recife pose comme mesure éventuellement nécessaire, outre la démoralisation du Gouvernement et des Forces Armées, la dissolution de l'Armée Nationale et la distribution d'armes au peuple. Censure D'autre part, le Père Comblin demande qu'une énergique censure de la presse, de la radio et de la télévision réduise au silence les mécontents. Quant aux élites qui ne se conformeraient à cette politique, le Père Comblin désire tout simplement qu'elles quittent le Pays. Tribunaux d'exception Accusant le Pouvoir Judiciaire d'être corrompu par la bourgeoisie et le Clergé, le Père Comblin réclame l'institution de Tribunaux d'exception, pour juger rapidement tous ceux qui s'opposeraient à cette dictature communiste et réformiste. Eloge de la révolution violente Au cas où ces procédés ne donneraient pas de résultat, le Père Comblin considère comme légitime l’emploi de la violence pour parvenir à l’implantation du régime dont il rêve. C’est là l’aspect sinistre de l'opinion du prêtre belge. Imposture Cette opinion est également une ridicule imposture. Le Père qualifie la structure sociale moderne du Brésil et d'Amérique Latine comme l'« une des plus aristocratiques qui aient jamais existé dans l'Histoire ». Elle serait formée, selon lui, de deux classes: l’une de blancs oppresseurs et exploiteurs, et l’autre d'indiens, nègres et métis exploités et opprimés. Tout Brésilien sait que ce tableau ne reflète pas la réalité, et n'en est même pas une caricature, mais qu'il s’agit d'une invention purement gratuite, un mensonge total qu’il est impossible de ne pas qualifier de grossière imposture. Telle est la synthèse du volumineux avis publié intégralement par la presse. Le Document est authentique Le Père Comblin, dans ses déclarations à la presse, n’a pas nié l’authenticité du texte qui lui a été attribué. Il s’est borné à alléguer que celui-ci n’était qu’une simple ébauche. Rien, cependant, ne peut justifier cette « ébauche » pleine d’imagination dans laquelle l’appel à la subversion dans le Pays et à la révolution dans l'Eglise se joint à la calomnie contre le Pouvoir Civil, la Hiérarchie ecclésiastique, les Forces Armées et la Magistrature, et la configuration d'un tableau grossièrement faux de la réalité nationale. Comment un prêtre peut-il forger un tel plan ? L’opinion publique est effrayée à l’idée qu’un prêtre pense, dise et envisage de telles choses. Elle reste perplexe et angoissée devant le fait que ce prêtre étranger ose intervenir de la sorte dans les affaires du Brésil. La Nation se sent alarmée et indignée de voir qu'un tel agitateur ait pu s'infiltrer dans le corps enseignant de l'Institut Théologique fondé par Votre Excellence, précisément pour étudier la réalité brésilienne et mobiliser le peuple pour l’action civique et politique. Des mesures contre le Père Comblin s'imposent Ainsi, la Société Brésilienne de Défense de la Tradition, Famille et Propriété est sûre de se faire l’interprète des désirs de millions de Brésiliens, en vous demandant d'expulser de l’Institut Théologique de Recife et de l'Illustre Archidiocèse, où brille encore le glorieux souvenir de Monseigneur Vital (héros de la lutte anti-maçonnique au XIXe), l’agitateur qui profite du Sacerdoce pour poignarder l'Eglise et abuse de l’hospitalité brésilienne pour prêcher le communisme, la dictature et la violence au Brésil. Ces mesures, Monseigneur, sont les seules susceptibles de réparer l'affront fait au Pays. L'attitude de l'Eglise, châtiant et rejetant sévèrement le prêtre subversif, montrera qu'elle appuie dès maintenant les mesures que l’autorité civile ne manquera pas de prendre pour sauvegarder la sécurité nationale contre les manœuvres et agissements du Père Comblin. Ayant porté à votre connaissance ce que nous appellerions une revendication de tous ceux qui sont attachés à la tradition et à la famille brésiliennes et voient dans l’exercice de la double fonction individuelle et sociale de la propriété un impératif de justice et la condition de la prospérité nationale, nous vous prions de réserver un accueil favorable à notre requête. En vous exprimant toute notre considération â l'égard de la haute dignité ecclésiastique qui est la vôtre dans l'Eglise de Dieu, nous vous prions d'agréer l’expression de nos sentiments respectueux. Plinio Corrêa de Oliveira Président du Conseil National (*) Note du site : Transcription du livre L’Eglise du Silence au Chili – Un Cardinal progressiste plonge son pays dans le communisme – Le pays en réchappe – Le Cardinal s’applique à l’y replonger, Editions Tradition, Famille, Propriété, 1976, pages 418-422. Pour approfondir ce sujet, voir l’œuvre TRADICION FAMILIA PROPIEDAD - UN IDEAL, UN LEMA, UNA GESTA: La Cruzada del siglo XX, ARTPRESS — INDUSTRIA GRAFICA E EDITORA, Sao Paulo, 1990, Sección Segunda — Acciones conjuntas en el ámbito internacional, 1968 - A Pablo VI, dos millones de sudamericanos piden medidas contra la infiltración comunista en la Iglesia. |