Il
semble y avoir dans certains milieux un accroissement des malentendus
quant à l'utilisation de la soutane par les prêtres et les religieux.
Pourtant, la sagesse de la Sainte Église, ne faiblit pas. Sa préférence
pour la soutane est indéniable.
La
question ne semble-t-elle pas dérisoire ? "Aquila non capit muscas". L'Église
ne se soucie pas des bagatelles. Et si Elle prend position sur la
question, c'est parce que celle-ci n'est ni vaine ni vide de sens..
*
* *
Pour
comprendre la pensée de l'Église, nous devons aborder des considérations
plus générales.
C'est dans
l'ordre naturel des choses que l'homme reflète son âme dans son visage,
dans sa voix, dans son attitude, dans ses gestes. Et puisque le vêtement
doit couvrir le corps humain, il est tout à fait naturel que l'homme l'utilise
également comme élément d'expression. D'autant plus que le vêtement s’y
prête très bien.
Or, le
besoin de l’expression de l'âme est une conséquence impérative de l'instinct
de sociabilité. Par conséquent, refuser à l'homme cette possibilité, c'est
en soi fausser la manière même d'être de l'âme.
Pour cette
raison, les coutumes sociales ont reconnu de tout temps et en tout lieu
certains vêtements comme caractéristiques des professions ou de mode de
vie, qui nécessitent une conformité d'âme très particulière. Et il a
toujours été, à juste titre, entendu que la tenue professionnelle aidait
l’homme à réaliser pleinement son état d'esprit. Qu'un militaire ait de
l'antipathie pour son uniforme, qu'un juge déteste la toge, n'augurerait
rien de bon. Comment alors, refuser le respect au clerc qui aime sa
soutane et en est fier ? Si une armée supprimait l'utilisation de
l'uniforme, ne porterait-elle pas un coup dur à son esprit ?
Dire donc
que l'habit ne fait pas le moine, ou que l'uniforme ne fait pas le héros,
est vrai et n'est pas vrai. En effet, l'homme ne devient pas un moine ou
un militaire authentique simplement en adoptant la tenue vestimentaire
appropriée. Mais l'habit monastique permet à l'homme de bonne volonté de
devenir un bon moine. Et la même chose peut être dite de l'uniforme .
*
* *
Comment
illustrer, dans le style de cette colonne, l'effet des vêtements sur l'humeur
d'un homme ?
Afin de ne
blesser personne, nous nous abstiendrons d'exemples très récents. Et
nous prendrons comme sujet d'étude une figure historique qui commence
déjà à s'immerger dans le brouillard d'un passé lointain. C'est
Guillaume II, roi de Prusse et empereur allemand : le Kaiser, dans la
langue familière des quelques Brésiliens qui se soucient encore de lui.
Il serait
impossible de contester que Guillaume II était militaire dans l'âme. Il
n'était pas un grand général, ce n'était pas non plus sa fonction. Mais
son état d'esprit, son style de vie, sa manière de gouverner prouvent qu'en
tant qu'homme, en tant que chef de famille, en tant que souverain, le
Kaiser était toujours et avant tout un militaire.
*
* *
Le
voici au cours d’une parade, remettant le bâton de commandement à un
haut gradé. Dans un uniforme splendide, chevauchant son coursier avec un
naturel plein de panache, l'empereur se sent visiblement dans son
élément, dans une situation où toute sa personnalité se dévoile avec
assurance et brio. Le visage, le port, le geste manifestent la passion
militaire qui, plus elle s’extériorise, plus elle s'affirme.
*
* *
En
revanche, on dirait qu’habillé en civil il n'est plus le même homme.
Sa personnalité semble éteinte et son attitude forcée. Ses qualités
militaires se révèlent suffisantes pour contraster avec sa tenue
vestimentaire. Si le Kaiser et toutes ses troupes avaient dû porter
un tel costume civil, l'armée allemande aurait-elle été ce qu'elle
était ?
Bien sûr que non. Car si l'uniforme ne fait pas le bon soldat, il
aide le militaire à adopter l'esprit de classe ...
Et
pourquoi le même principe mutatis mutandis
ne s'appliquerait-il pas au Clergé ? |