Dans un numéro précédent (
décembre 1951 ), nous avons comparé des photographies de Churchill
jeune et vieux pour montrer combien le monde moderne se trompe lorsqu'il
ne voit dans le vieillissement qu'une décadence. Quand on sait valoriser
davantage les valeurs de l'esprit que celles du corps, vieillir c'est
grandir dans ce que l'homme a de plus noble, qui est l'âme, même si cela
signifie la décadence du corps, qui n'est que l'élément matériel de la
personne humaine. Et quelle décadence ! Il se peut que le corps perde sa
beauté et sa vigueur. Mais elle est enrichie par la transparence d'une
âme qui, tout au long de la vie, a pu se développer et grandir. Cette
transparence constitue la plus haute beauté dont la physionomie humaine
est capable.
* * *
SAINTE
Marie-Euphrasie Pelletier, née à Noirmoutier (France), en 1796,
fondatrice d'une congrégation enseignante pour femmes, décédée en
1868. Sa fête est célébrée le 24 avril..
Elle ne manquait de
rien dans sa beauté juvénile : la justesse de ses traits, la beauté
de ses yeux et de son teint, la distinction de sa physionomie, la
noblesse de son maintien, la fraîcheur et la grâce de sa jeunesse.
De plus, la splendeur d'une âme claire, logique, vigoureuse et pure
s'exprimait fortement dans son visage. Elle est le type magnifique
de la jeune fille chrétienne. |
|
* * *
|
La voici dans sa
vieillesse. Du charme des jours anciens, il ne reste qu'un vague
parfum. Mais une autre forme, plus élevée, brille dans cet admirable
visage. Le regard a gagné en profondeur ; une sérénité noble et
imperturbable semble y préfigurer quelque chose de la noblesse
transcendante et définitive des bienheureux dans la gloire céleste !
Le visage conserve la trace des combats ardus de la vie intérieure
et apostolique des saints. Elle a atteint quelque chose de fort, de
complet, d'immuable : c'est la maturité dans le plus beau sens du
terme. La bouche est une ligne droite, fine et expressive, avec la
note typique d'un tempérament de fer. Une grande paix, une bonté
sans romantisme ni illusion, avec quelque reste de l'ancienne beauté,
brille encore dans cette physionomie.
Le corps a eu une
décadence, mais l'âme a tellement grandi qu'elle est toute en Dieu,
et fait penser aux paroles de saint Augustin : notre cœur, Seigneur,
a été créé pour toi, et n'est en paix que lorsqu'il repose en toi.
Qui oserait
affirmer que pour Sainte Marie-Euphrasie, vieillir était vraiment la
déchéance? |
|