Nos lecteurs
reconnaîtront immédiatement, dans les clichés que nous publions
aujourd'hui, le costume typique de la servante bahianaise et l'habit,
également typique, d'un élégant habitué des bars de nos jours :
deux costumes populaires entre lesquels une comparaison peut
être faite.
Le costume de la Bahianaise,
né des exigences de la vie quotidienne, reflète
admirablement le caractère, les dons, le type de
charme typique d'une race, ainsi que les
caractéristiques d'un certain lieu et d'une certaine
époque. |
|
|
Dans plusieurs de nos
villes, un type d'homme « élégant » de taverne de banlieue s'est
généralisé, avec une tenue qui, dans ses lignes générales, est
celle de nos jours, mais avec certains détails particuliers :
pantalon long qui se resserre à la cheville et qui arrive
presque à la hauteur du cœur ; grand manteau excessivement long,
chapeau haut de forme bas et à larges bords. Si l'homme élégant
est blanc, il porte la fameuse coiffure "queue de canard". S'il
est noir, il s'est fait repasser les cheveux par un
barbier. |
La
femme de chambre est ce qu'elle est : elle se sent à juste titre
digne et heureuse. Notre élégant, noire ou blanc, essaie d'avoir
l'air d'avoir de l'argent et une situation qu'il n'a pas. Le
costume de la femme de chambre est le cadre d'une personnalité.
Le costume de l'homme élégant est le cadre d'une personnalité qu'il
n'a pas.
C'est que la tenue de la Bahianaise est née d'une époque où
la mode n'était pas standardisée pour tout le monde, où chacun
se sentait bien comme il était.
Et notre pauvre « élégant », blond, brun ou noire, est l'enfant
d'une époque où la mode est standardisée, et où les costumes n'ont
plus aucun rapport avec les individus. D'une époque où personne
n'est satisfait de ce qu'il est, et vit donc pour imiter. Quelle
est la raison du ridicule de notre « élégant » ? En dernière
analyse, à l'état aigu, le ridicule inhérent à toute imitation.
|