Plinio Corrêa de Oliveira

 

Saint Pie V,

le Pape de la Bataille de Lépante :

la victoire de la confiance héroïque

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Saint Pie V et la vision de la victoire de Lépante (Lazzaro Baldi - 1673, Collège Ghislieri de Pavie)

Les sources catholiques qui rapportent la bataille de Lépante omettent souvent de mentionner un fait très important, qui est présent dans certaines sources musulmanes. Ces derniers disent - et jusqu'à présent toutes les sources catholiques sont d'accord - qu'il y a eu un certain moment où la situation des catholiques semblait désespérée. Il y avait eu un terrible affrontement entre les deux armées à bord des navires, et dans cet affrontement, à un moment donné, nous, les catholiques, battions en retraite et la situation semblait complètement perdue.

Soudain, au moment où l'on s'y attendait le moins, les musulmans commencèrent à battre en retraite, et certains d'entre eux, à qui l'on demanda ce qui se passait, répondirent qu'une Dame en robe de reine était apparue dans le ciel et les regardait d'un regard si terrible qu'ils manquèrent totalement de courage et s'enfuirent.

Réfléchissons à cette situation. Il s'agissait d'une bataille navale, la plus importante menée jusqu'alors dans l'histoire, qui a créé un suspense dans toute la Chrétienté, car, dans un certain sens, l'avenir de l'Europe était en jeu.

L'Europe était misérablement divisée entre catholiques et protestants : les protestants avaient ouvert une brèche dans le giron de la chrétienté et les pays catholiques, déjà éprouvés par la lutte contre les protestants, n'auraient pas pu résister si d'importantes forces musulmanes avaient débarqué en Italie du Sud. Rome serait tombée aux mains des musulmans et on ne sait pas qui aurait pu arrêter leur poussée. Humainement parlant, la cause catholique semblait perdue.

Dans cette immense bataille navale s'affrontèrent quatre puissances chrétiennes convoquées par saint Pie V : - l'Espagne, la plus grande puissance de l'époque ; - Venise, qui était une puissance navale appréciable mais surtout disposait de beaucoup d'argent, avec lequel elle contribua à cette croisade ; - Gênes, qui offrit un grand amiral, Andrea Doria, pour conduire ses navires dans la bataille : - et une petite escadre du Pape, qui était tout ce qu'il pouvait apporter pour que toutes les forces catholiques soient présentes face à un ennemi aussi puissant et brutal. Le sort de la bataille est incertain. Les descriptions s'accordent pour nous dire que c'était un terrible, un énorme carnage. Des catholiques montaient à bord de navires musulmans, certains musulmans étaient déjà dans des bateaux catholiques, des gens étaient tués et mouraient des deux côtés, des navires s'écrasaient et certains tombaient en morceaux. Des bateaux qui coulent, des personnes jetées par-dessus bord en armure qui, après quelques tentatives pour rester à flot, se noient. Tonnerre de canons, bruits formidables, confusion. Et les catholiques qui se replient...  

 

Décoration de la grande salle du palais Colonna à Rome célèbre la bataille de Lépante. Fresque de Giovanni Coli et Filippo Gherardi, 1675-1678.

À ce moment de la lutte, le commandant, Don Jean d'Autriche, invoqua l'aide de Notre-Dame, et les forces catholiques eurent recours à la foi, demandant à Notre-Dame de prendre le champ de bataille à leurs côtés.

Nous pouvons imaginer l'effort de Don Jean d'Autriche pour se recueillir et se distancer, pour ainsi dire, de la bataille. Il se tient au milieu du combat, avec un ennemi derrière lui et un autre devant lui, frappant celui qui vient vers lui et ne sachant pas de quel côté se tourner. À ce stade, cependant, il prend une distance mentale par rapport à l'événement pour se tourner vers sa foi, pour regarder le sort général de la bataille et se rendre compte qu'il est en train de la perdre, bien que les catholiques multiplient leurs efforts avec beaucoup de zèle.

Imaginons l'esprit de foi de ceux qui luttent et n'abandonnent pas, de ceux qui donnent leur vie pour une cause qui, du point de vue humain, semble très compromise. Mais c'était avant que la Vierge n'intervienne ! On peut dire qu'il a espéré contre toute espérance, qu'il a eu la foi contre les raisons qui le poussaient à désespérer. En effet, humainement, il n'y avait aucun espoir, et ce n'est pas pour des raisons humaines que les musulmans ont battu en retraite. Mais en même temps, c'est grâce à la confiance qu'ils avaient dans l'intervention de la Vierge qu'elle est apparue au point le plus élevé du ciel.

Curieusement, il semble que les ennemis l'aient vu mais pas les catholiques. Les troupes islamiques ont cependant fui. Cela signifie que ces combattants catholiques ont eu le mérite de la foi pure, de la foi obscure : ils n'ont pas vu le miracle, mais ils ont ressenti les effets du miracle. Il fallait que l'ennemi raconte le miracle, que les ennemis expliquent pourquoi ils avaient fui pour se rendre compte qu'en fait la prière avait été exaucée.

Quelle foi dans cette situation critique, en ce jour historique ! La bataille était perdue, ou presque. Ils auraient pu se dire : « Sauvons au moins notre peau, rendons-nous. Si je me bats, je suis mort, si je me rends, je deviendrai l'esclave des musulmans mais quelqu'un paiera la rançon pour moi et après quelques mois, je serai libre ». Ils ne le pensaient pas. Chacun d'eux se dit : « Je vois dans la mer des hommes qui se débattent dans leurs dernières angoisses et qui meurent de la même mort qui m'attend. J'ai confiance dans le fait que si je meurs, je m'envolerai au ciel en tant que martyr, mais j'ai aussi confiance dans la possibilité de la victoire. »

En effet, cette confiance a été récompensée, et ils ont remporté la victoire.

L'apparition de la Sainte Vierge pendant la bataille de Lépante (peinture par Véronèse)


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