Verba Tua manent in aeternum

 

 

Au Créateur reste toujours la victoire

 

 

 

 

 

 

 

  Bookmark and Share

E SUPREMI, Lettre Encyclique de Sa Sainteté le Pape Pie X (4-10-1903) : 

Quelle sera l'issue de ce combat livré à Dieu par de faibles mortels, nul esprit sensé ne le peut mettre en doute. Il est loisible assurément, à l'homme qui veut abuser de sa liberté, de violer les droits et l'autorité suprême du Créateur; mais au Créateur reste toujours la victoire. Et ce n'est pas encore assez dire : la ruine plane de plus près sur l'homme justement quand il se dresse plus audacieux dans l'espoir du triomphe. C'est de quoi Dieu lui-même nous avertit dans les Saintes Ecritures. "Il ferme les yeux", disent-elles, "sur les péchés des hommes" (10), comme oublieux de sa puissance et de sa majesté; mais bientôt, après ce semblant de recul, "se réveillant ainsi qu'un homme dont l'ivresse a grandi la force" (11), "il brise la tête de ses ennemis" (12), afin que tous sachent que "le roi de toute la terre, c'est Dieu" (13), "et que les peuples comprennent qu'ils ne sont que des hommes" (14).

Tout cela, Vénérables Frères, nous le tenons d'une foi certaine et nous l'attendons. Mais cette confiance ne nous dispense pas, pour ce qui dépend de nous, de hâter l'œuvre divine, non seulement par une prière persévérante : "Levez-vous, Seigneur, et ne permettez pas que l'homme se prévale de sa force" (15), mais encore, et c'est ce qui importe le plus, par la parole et par les œuvres, au grand jour, en affirmant et en revendiquant pour Dieu la plénitude de son domaine sur les hommes et sur toute créature, de sorte que ses droits et son pouvoir de commander soient reconnus par tous avec vénération et pratiquement respectés.

Accomplir ces devoirs, n'est pas seulement obéir aux lois de la nature, c'est travailler aussi à l'avantage du genre humain. Qui pourrait, en effet, Vénérables Frères, ne pas sentir son âme saisie de crainte et de tristesse à voir la plupart des hommes, tandis qu'on exalte par ailleurs et à juste titre les progrès de la civilisation, se déchaîner avec un tel acharnement les uns contre les autres, qu'on dirait un combat de tous contre tous ? Sans doute, le désir de la paix est dans tous les cœurs, et il n'est personne qui ne l'appelle de tous ses vœux. Mais cette paix, insensé qui la cherche en dehors de Dieu ; car, chasser Dieu, c'est bannir la justice; et, la justice écartée, toute espérance de paix devient une chimère. "La paix est l'œuvre de la justice" (16). Il en est, et en grand nombre, Nous ne l'ignorons pas, qui, poussés par l'amour de la paix, c'est-à-dire de la tranquillité de l'ordre, s'associent et se groupent pour former ce qu'ils appellent le parti de l'ordre. Hélas ! vaines espérances, peines perdues ! De partis d'ordre capables de rétablir la tranquillité au milieu de la perturbation des choses, il n'y en a qu'un: le parti de Dieu. C'est donc celui-là qu'il nous faut promouvoir; c'est à lui qu'il nous faut amener le plus d'adhérents possible, pour peu que nous ayons à coeur la sécurité publique.

Toutefois, Vénérables Frères, ce retour des nations au respect de la majesté et de la souveraineté divine, quelques efforts que nous fassions d'ailleurs pour le réaliser, n'adviendra que par Jésus-Christ. L'Apôtre, en effet, nous avertit que "personne ne peut poser d'autre fondement que celui qui a été posé et qui est le Christ Jésus" (17). C'est lui seul "que le Père a sanctifié et envoyé dans ce monde" (18), "splendeur du Père et figure de sa substance" (19), vrai Dieu et vrai homme, sans lequel nul ne peut connaître Dieu comme il faut, car "personne n'a connu le Père si ce n'est le Fils et celui à qui le Fils aura voulu le révéler" (20).

D'où il suit que tout restaurer dans le Christ et ramener les hommes à l'obéissance divine sont une seule et même chose. Et c'est pourquoi le but vers lequel doivent converger tous nos efforts, c'est de ramener le genre humain à l'empire du Christ. Cela fait, l'homme se trouvera, par là même, ramené à Dieu. Non pas, voulons-Nous dire, un Dieu inerte et insoucieux des choses humaines, comme les matérialistes l'ont forgé dans leurs folles rêveries, mais un Dieu vivant et vrai, en trois personnes dans l'unité de nature, auteur du monde, étendant à toute chose son infinie providence, enfin législateur très juste qui punit les coupables et assure aux vertus leur récompense.

Notes:

(10) Sap. XI, 24.

(11) Ps. LXXVII, 65.

(12) Ib. LXVII, 22.

(13) Ps. XLVI, 8.

(14) lb. IX, 20.

(15) lb. IX, 19.

(16) Is. XXXII, 17.

(17) I Cor. III, 11.

(18) Job X, 36.

(19) Hebr. I, 3.

(20) Matth. XI, 27.


ROI campagne pubblicitarie