Verba Tua manent in aeternum
" Les vrais droits de l’homme naissent précisément de ses devoirs envers Dieu "
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De la Lettre Encyclique de S.S. le Pape Léon XIII "Au Milieu des Sollicitudes" (le 16 février 1892) : Nous ne tiendrons pas le même langage sur l’autre point, concernant le principe de la séparation de l’État et de l’Église, ce qui équivaut à séparer la législation humaine de la législation chrétienne et divine. Nous ne voulons pas nous arrêter à démontrer ici tout ce qu’a d’absurde la théorie de cette séparation; chacun le comprendra de lui-même. Dès que l’État refuse de donner à Dieu ce qui est à Dieu, il refuse, par une conséquence nécessaire, de donner aux citoyens ce à quoi ils ont droit comme hommes; car, qu’on le veuille ou non, les vrais droits de l’homme naissent précisément de ses devoirs envers Dieu. D’où il suit que l’État, en manquant, sous ce rapport, le but principal de son institution, aboutit en réalité à se renier lui-même et à démentir ce qui est la raison de la propre existence. Ces vérités supérieures sont si clairement proclamées par la voix même de la raison naturelle, qu’elles s’imposent à tout homme que n’aveugle pas la violence de la passion. Les catholiques, en conséquence, ne sauraient trop se garder de soutenir une telle séparation. En effet, vouloir que l’État se sépare de l’Église, ce serait vouloir, par une conséquence logique, que l’Église fût réduite à la liberté de vivre selon le droit commun à tous les citoyens. Cette situation, il est vrai, se produit dans certains pays. C’est une manière d’être qui, si elle ses nombreux et graves inconvénients, offre aussi quelques avantages, surtout quand le législateur, par une heureuse inconséquence, ne laisse pas que de s’inspirer des principes chrétiens; et ces avantages, bien qu’ils ne puissent justifier le faux principe de la séparation, ni autoriser à le défendre, rendent cependant digne de tolérance un état de choses qui, pratiquement, n’est pas le pire de tous. Mais en France, nation catholique par ses traditions et par la foi présente de la grande majorité de ses fils, l’Église ne doit pas être mise dans la situation précaire qu’elle subit chez d’autres peuples. Les catholiques peuvent d’autant moins préconiser la séparation, qu’ils connaissent mieux les intentions des ennemis qui la désirent. Pour ces derniers, et ils le disent assez clairement, cette séparation, c’est l’indépendance entière de la législation politique envers la législation religieuse ; il y a plus, c’est l’indifférence absolue du pouvoir à l’égard des intérêts de la société chrétienne, c’est- à-dire de l’Église, et la négation même de son existence. – Ils font cependant une réserve qui se formule ainsi: Dès que l’Église, utilisant les ressources que le droit commun laisse aux moindres des Français, saura, par un redoublement de son activité native, faire prospérer son œuvre, aussitôt l’État intervenant pourra et devra mettre les catholiques français hors du droit commun lui-même. Pour tout dire, en un mot, l’idéal de ces hommes serait le retour au paganisme : l’État ne reconnaît l’Église qu’au jour où il lui plaît de la persécuter. |