Chapitre VII

 

 

4. La dévotion mariale et l’apostolat

contre-révolutionnaire

 

 

 

 

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La Vierge à l'Enfant (vers 1267). Son style correspond à la fin du règne de Saint Louis, mêlant ici grâce et majesté. Compiègne, Musée Vivenel. Photo faite pendant l'Exposition à la Conciergerie (Paris) en hommage à Saint Louis, janvier 2015

La lutte entre la Révolution et la Contre-Révolution - écrit Plinio Corrêa de Oliveira - est une lutte qui, dans son essence, est religieuse” (1). Comme tout problème religieux, elle ne peut faire abstraction du rôle de la grâce dont dépend toute régénération morale authentique.

La grâce dépend de Dieu, mais Dieu, indubitablement, par un acte libre de sa volonté, a voulu faire dépendre de la sainte Vierge la distribution des grâces. Marie est la Médiatrice universelle, le canal à travers lequel se déversent toutes les grâces. Pour cela, son aide est indispensable pour qu’il n’y ait pas la Révolution, ou pour que celle-ci soit vaincue par la Contre-Révolution. (...) C'est pourquoi la dévotion à la sainte Vierge est la condition sine qua non pour que soit terrassée la Révolution, pour que vainque la Contre-Révolution” (2).

Le problème de la contribution de la sainte Vierge à l’apostolat contre-révolutionnaire ne se limite pourtant pas à celui de la grâce. Il ne faut pas oublier en effet la part du démon dans l’explosion et les progrès de la Révolution. “Ainsi qu’il est logique de le penser, une explosion de passions désordonnées aussi profonde et aussi générale que celle qui a été à l'origine de la Révolution n'eût pu advenir sans une action d’ordre préternaturel » (3). Cette force de propulsion de la Révolution dépend donc aussi du commandement et du pouvoir de la sainte Vierge à qui Dieu a réservé le pouvoir d’écraser la tête du démon.

La constatation du pouvoir souverain de la sainte Vierge introduit l’idée de la royauté de Marie, laquelle ne consiste pas, dit Plinio Corrêa de Oliveira, en un titre purement décoratif mais en “un pouvoir de gouvernement personnel, absolument authentique » (4).

“La foi des catholiques en la Royauté de Marie - écrit un mariologue connu - peut être dite aussi antique que l’Eglise Catholique » (5). Cette vérité de foi a été admirablement synthétisée par Pie XII dans l’encyclique Ad coeli Reginam (6) écrite à l’occasion de |’institution de la fête liturgique de Marie Reine, à la fin de l’Année Mariale de 1954. “Jésus est Roi des siècles eternels par nature et par conquête ; par Lui, avec Lui, subordonnée à Lui, Marie est Reine par grâce, par alliance divine, par conquête, par élection toute particulière. Et son Royaume est vaste comme celui de son Fils, Dieu, puisque rien n’est exclu de sa domination" (7). Notre Seigneur - écrit Plinio Corrêa de Oliveira - a voulu faire de la sainte Vierge “un instrument royal de son amour” (8), l’établissant Reine de l’univers afin qu'Elle le gouverne et surtout gouverne le pauvre genre humain déchu et pécheur. “Il y a donc, dans le gouvernement de l’univers, un régime authentiquement marial” (9).

Evidemment, Elle est inniment inférieure à Dieu, mais Dieu a voulu lui attribuer cette part avec un acte de libéralité. Ainsi la sainte Vierge, en distribuant la grâce tantôt plus tantôt moins abondamment, en freinant tantôt plus tantôt moins l'action du démon, exerce-t-Elle sa royauté sur le cours des événements terrestres. C’est en ce sens que dépendent d’Elle la durée de la Révolution et la victoire de la Contre-Révolution” (10). 


Notes :

1) P. CORRÊA DE OLIVEIRA, Prologue à l’édition argentine de Revolución y Contra-Revolución, cit., p. 22-23.

2) Id. La médiation universelle de Marie, qui n’est pas encore dénie ofciellement comme dogme, a été confirmé dans les encycliques de Léon Xlll, Octobri Mense (1891), de saint Pie X, Ad diem illum (1904) et de Pie XII, Mystici Corporis (1943). Cf. J. COLLANTES SJ., La fede nella Chiesa cattolica, cit., p. 327-332.

3) P. CORRÊA DE OLIVEIRA, Prologue à l’édition argentine de Revolución y Contra-Revolución, cit., p. 26-27.

4) Id., p. 28.

5) GABRIELE. M. ROSCHINI O.S.M., Maria Santissima nella storia della salvezza,  Tipografia Editrice Pisani, Isola del Liri 1969, vol. II, p. 486. Selon un autre mariologue “l'empire de Marie, bien qu’il soi! d'un ordre subordonné, s’étend tout autant que le règne du Christ lui-même. Devant ce règne, nous dit saint Paul, toutes choses devront plier avec révérence les genoux : celles qui se trouvent dans le ciel, celles qui se trouvent dans les abimes et celles qui se trouvent sur la terre (Philip. 2, 10). Il en est ainsi pour Marie : étant reine du monde, elle est reine du ciel, de la terre, du purgatoire et fait aussi expérimenter son pouvoir royal aux reclux de l’Averne" (don EMILIO CAMPANA, Maria nel dogma cattolico, Marietti, Torino 1936, p. 937). Sur la royauté de Marie, cf. THÉODORE KOHLER, Royauté de Marie, dans DSp, vol. XIII (1988), col. 1098-1103 ; G. M. ROSCHINI O.S.M., Maria Santissima, cit., vol. II, p. 345-516 ; TOMMASO M. BARTOLOMEI O.S.M., Giustificazione dei titoli o fondamenti dommatici della Regalità di Maria, dans “Ephemerides Mariologicae", vol. XV (1965), p. 49-82.

6) PIE XII, Encyclique Ad coeli Reginam du 11 octobre 1954, dans DP (1954), p. 418-435.

7) PIE XII, Message radiodiffusé Bendito seja o Senhor, cit., p. 161.

8) P. CORRÊA DE OLIVEIRA, Prologue à l’édition argentine de Revolución y Contra-Revolución, cit., p. 29.

9) Id.

10) Id.


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