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Plinio Corrêa de Oliveira
Note
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Titre original: Em Defesa da Ação Católica Publié par Edições "Ave Maria", São Paulo, Brésil, 1943 (1ère édition) En Défense de l’Action Catholique, préfacé par Son Excellence Mgr Benedetto Aloisi Masela, Nonce Apostolique au Brésil, 1943. La lettre d’éloges, adressée à l’auteur au nom du Pape Pie XII par Mgr Jean-Baptiste Montini, alors Substitut du secrétaire d’Etat et futur Paul VI, constitue une appréciation éloquente, de la part de l’autorité ecclésiastique suprême, des dénonciations faites par ce livre. |
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Une explication est due en ce qui concerne les textes du Concile Vatican I cités dans le chapitre IV, aux troisième et quatrième alinéas. Ces textes définissent parfaitement une doctrine commune à tous les théologiens, à savoir que la sainte Mère Eglise, par institution divine, est une société inégalitaire dans laquelle il y a d'une part une hiérarchie chargée de sanctifier, gouverner et enseigner, et d'autre part des fidèles, qui doivent être sanctifiés, gouvernés et enseignés. Avec sa clarté habituelle, le Révérend Père Félix M. Cappello, illustre professeur à l'Université Grégorienne, dans sa Summa Iuris Publici Ecclesiastici, n. 324, exprime ainsi cette doctrine commune : « Le corps entier de l'Eglise, par institution divine, est divisé en deux classes : l'une - le peuple - dont les composantes sont appelées les laïcs, et l’autre dont les membres sont appelés clergé, chargée de poursuivre les fins immédiates de l'Eglise, c'est-à dire sanctifier les âmes et exercer le pouvoir ecclésiastique (can. 107 : Conc. Trid. sess. XXIII, de ordine, can. 4 cf. Billot, Tract. de Ecclesia Christi, p. 269 s. 3e éd ; Pesch, Praelectiones Dogmaticae, I, n. 238 ss ; Wilmers, De Christi Ecclesia, n. 385 ss ; Palmieri, De Romano Pontificae - Proleg. Ecclesia, 11 ». La distinction entre hiérarchie et peuple, entre gouvernants et gouvernés ne pourrait pas être confirmée de meilleure façon. Et puisqu'il s'agit d'une doctrine commune de l'Eglise normalement acceptée par les théologiens comme doctrine révélée, il n'est permis à aucun fidèle de la nier. Par conséquent, toute l'argumentation que nous avons établie avec les textes précités du Concile du Vatican est basée sur un fondement doctrinal indiscutable. Toutefois, il faut dire que, contrairement à ce que nous avons indiqué par erreur dans le 4e chapitre, 3e et 4e paragraphes, les textes du Concile du Vatican ne sont pas définis par les Pères conciliaires. Ce n'est pas une matière définie, mais un schéma présenté au Concile qui, en raison de l'interruption de cet auguste assemblée, ne fut finalement même pas proposé aux délibérations des Pères. Par conséquent, pour les raisons exposées ci-dessus, nier la doctrine contenue dans ces textes serait se révolter contre une vérité toujours considérée dans l'Eglise comme étant révélée. Quant à la nature des organisations subordonnées telles que l'Action Catholique, qui existent pour aider à la hiérarchie sacrée dans sa fonction d'enseignement, il y a des textes des Souverains Pontifes tout à fait conclusifs. Dans l'encyclique Sapientiae Christianae, du 10 janvier 1890, le Saint Père Léon XIII, parlant de l'apostolat des laïcs en général, après avoir rappelé que la fonction d'enseignement appartient de droit divin à la hiérarchie, dit : « Toutefois, on doit bien se garder de croire qu'il soit interdit aux particuliers de coopérer d'une certaine manière à cet apostolat, surtout s'il s'agit des hommes à qui Dieu a départi les dons de l'intelligence avec le désir de se rendre utiles. Toutes les fois que la nécessité l'exige, ceux-là peuvent aisément, non, certes, s'arroger la mission des docteurs, mais communiquer aux autres ce qu'ils ont eux-mêmes reçu, et être, pour ainsi dire, l'écho de l'enseignement des maîtres ». Dans l'encyclique Vehementer Nos, du 11 février 1906, le Pape Saint Pie X a défini les mêmes principes en d'autres termes : « L'Ecriture nous enseigne, et la tradition des Pères nous le confirme, que l'Eglise est le corps mystique du Christ, corps régi par des pasteurs et des docteurs -- société d'hommes, dès lors, au sein de laquelle des chefs se trouvent qui ont de pleins et parfaits pouvoirs pour gouverner, pour enseigner et pour juger. Il en résulte que cette Eglise est par essence une société inégale, c'est-à-dire une société comprenant deux catégories de personnes : les pasteurs et le troupeau, ceux qui occupent un rang dans les différents degrés de la hiérarchie et la multitude des fidèles ; et ces catégories sont tellement distinctes entre elles, que, dans le corps pastoral seul, résident le droit et l'autorité nécessaires pour promouvoir et diriger tous les membres vers la fin de la société. Quant à la multitude, elle n'a pas d'autre devoir que celui de se laisser conduire et, troupeau docile, de suivre ses pasteurs ». Qu'il ne soit pas dit que les directives de Pie XI en ce sens ont introduit de l'innovation. Dans son discours du 26 juin 1929 aux journalistes catholiques, le pape exprime le désir que l'Action Catholique « non seulement aide la bonne presse d’une façon puissante, mais par la force même des choses, fait en sorte qu’elle devienne une des plus importantes fonctions, activités et énergies de l'Action Catholique elle-même ». Autrement dit, l'apostolat de la presse est un apostolat typique de l'Action Catholique. Alors, pour Pie XI, cet apostolat se rapporte clairement à l'Église d'apprentissage : «Les journalistes catholiques sont donc des porte-paroles précieux pour l'Église, sa hiérarchie et son enseignement : par conséquent, ils sont les plus nobles et les plus élevés porte-paroles de tout que la sainte Mère l'Église dit et fait. En accomplissant cette fonction, la presse catholique ne fait pas partie de l'Eglise enseignante ; elle reste dans l'Église enseignée mais ne cesse pas pour autant d'être le messager de la discipline de l'enseignement de l'Église tous azimuts, cette Eglise qui est en charge d'enseigner toutes les nations du monde ... ». Par conséquent, en ce qui concerne la hiérarchie en général et au Magistère qui lui appartient en particulier, la doctrine des Souverains Pontifes et l'enseignement commun des théologiens confirment pleinement la proposition faite lors du Concile du Vatican ; et les arguments que nous avons développés dans le 4ème chapitre, 3e et 4e paragraphes, sont fondés sur des vérités qu’il n’est licite à personne de refuser, sous peine, si ce n'est de tomber dans l'hérésie, au moins de se tromper dans la foi. |