Plinio Corrêa de Oliveira

 

Quatrième Partie

Comment certains dans l'Action Catholique se proposent de diffuser la doctrine de l'Eglise

 

 

 

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Titre original: Em Defesa da Ação Católica

Publié par Edições "Ave Maria", São Paulo, Brésil, 1943 (1ère édition)

En Défense de l’Action Catholique, préfacé par Son Excellence Mgr Benedetto Aloisi Masela, Nonce Apostolique au Brésil, 1943. La lettre d’éloges, adressée à l’auteur au nom du Pape Pie XII par Mgr Jean-Baptiste Montini, alors Substitut du secrétaire d’Etat et futur Paul VI, constitue une appréciation éloquente, de la part de l’autorité ecclésiastique suprême, des dénonciations faites par ce livre.

Chapitre I

La façon de présenter la doctrine catholique

Il y a une grande variété d'âmes

Une première observation qui se produit chez toute personne dédiée à l'étude des âmes est l'immense variété que le Créateur a mise en place entre elles. L'âme humaine est l'une des plus belles et remarquables œuvres de la création, et Dieu ayant établi une énorme diversité dans les êtres de catégories inférieures, il ne pouvait pas s’empêcher d'enrichir avec une variété immensément plus grande encore les âmes spirituelles créés à Son image et ressemblance. Cette diversité des âmes, qui se trouve dans la littérature de tous les peuples et sous la plume des observateurs les plus vifs, ne se manifeste nulle part de façon plus objective et plus éloquente que dans les saintes Écritures. Toutes les passions capables d’agiter l'homme y apparaissent dans la plénitude de leur intensité pathétique. Certains sont mus par l'affection, d'autres par l'amour des richesses, parfois même par la haine, par la passion du commandement, par la soif de la science, par les émotions de l'art, etc. Et cette grande variété naturelle est compensée par une grande variété d’attitudes de l'âme eu égard à Dieu. Alors que certains semblent plus enclins à adorer la bonté de Dieu, d'autres sont plus sensibles à sa puissance aveuglante, à la profondeur de sa science, etc.

 

En conséquence, il doit exister une grande variété d'approches dans l'apostolat

On peut déduire de tout cela qu'il est absolument impossible de s'attendre à ce que les nombreuses personnes dévouées à la tâche de l'apostolat utilisent toujours les mêmes mots ou les mêmes méthodes dans leur action. En plus de l'impossibilité naturelle d'attendre des effets identiques à partir de causes différentes, il est un obstacle surnaturel. En effet, la grâce « qui ne détruit pas la nature, mais l'élève et la sanctifie », loin de détruire la diversité des âmes, la rend d'une certaine manière plus nette, de sorte que si d'un certain point de vue, il n'est rien de plus semblable que deux saints, d'un autre point de vue, rien n'est plus différent.

Cette diversité de caractère parmi les personnes qui se consacrent à l'apostolat, loin de nuire à l'Eglise, est un moyen providentiel pour la rendre capable de parler avec la même efficacité à toutes les âmes.

Si certains sont mus avant tout par la douceur, d'autres sont touchés principalement par la crainte ; alors que certains sont touchés par la simplicité, d'autres sont enchantés par la splendeur du génie en tandem avec la sainteté ; tandis que certains sont appelés par Dieu à la conversion à travers la souffrance, d'autres sont attirés à Lui par la voie des honneurs et des consolations. Si nous adoptons les tendances modernes de normalisation et de rationalisation, en cherchant à avoir un seul type d'apôtre, nous échouerons malheureusement. Car la richesse de l'œuvre que Dieu a créée ne se laissera compresser ou appauvrir par l'élaboration arbitraire de notre imagination et par le panorama subjectif de la réalité que nous aurions fabriqué.

 

Une « technique d'apostolat » qui ne tiendrait pas compte de cette vérité fondamentale serait erronée

Pourtant, certaines conceptions trop étroites qui existent dans quelques milieux de l'Action Catholique conduiraient tout droit à cette erreur. En acceptant les méthodes proposées dans ces cercles, on dirait que la grande majorité des âmes en dehors de l'Eglise est réduite à un seul type de personne, idéalement bien intentionnée et franche, qui ne met aucun obstacle volontaire à la Foi, et qui n'est éloignée de l'Église que par un simple malentendu de nature spéculative ou sentimentale.

Une fois établie cette conception arbitraire, toute la sagesse pastorale est réduite à éclairer les esprits et attirer les âmes, chose qui évidemment doit être faite lentement, avec un tact extrême et à des doses diluées, si bien que ces âmes, « en ascendant lentement de clarté en clarté, puissent se réconcilier avec leur intérieur et finalement atteindre, presque sans se rendre compte, et comme à travers un piège ingénieux, la possession de la vérité et de la transparence intérieure ».

 

« Retraite stratégique », la seule méthode d'apostolat

De là vient toute une technique qui, une fois adoptée officiellement dans l'Action Catholique, revient à la canonisation de la prudence charnelle et du respect humain. Le premier principe de la sagesse consisterait à éviter systématiquement tout ce qui, légitimement ou non, peut causer la moindre différence d'opinion. Placé dans une atmosphère non-catholique, le membre de l'Action Catholique devrait - surtout au début - dégager les traits communs entre lui et les assistants, tout en se taisant prudemment sur les différences. En d'autres termes, le début de toute œuvre d'apostolat consisterait à créer de vastes zones de « compréhension mutuelle » entre catholiques et non catholiques, en plaçant les deux camps dans un terrain commun neutre et amical, aussi large et vague soit-il.

Et puisque les incrédules professent souvent un minimum très réduit de principes communs aux  nôtres, la charité et la sagesse exigeraient que nous cachions la nature religieuse de nos œuvres de façon à les attirer à la pratique de la religion de manière subreptice. Donnons un exemple. Dans les documents de promotion de l'Action Catholique, il serait préférable de mentionner des termes tels que «vérité», «vertu», «bien», «charité», dans un sens absolument non religieux. Si, dans certaines situations, il est possible d'aller plus loin, on devrait parler de Dieu, mais sans prononcer le nom adorable de Jésus-Christ. S'il est possible de parler de Jésus Christ, on doit le faire, mais sans parler de la sainte Église catholique. Lorsque l'on parle du catholicisme, on devrait le faire de manière à donner une idée que c'est une religion qui s’accommode, qui a de vagues limites doctrinales mais qui n'entraînent pas une division profonde des camps. Tout cela revient à dire que le langage gnostique du Rotary Club, la langue déiste de la Franc-maçonnerie, et le langage pan-chrétien du YMCA ne sont que des masques que l'Action Catholique devrait utiliser selon les circonstances, étant plus efficace pour l'apostolat qu'un langage catholique ouvert et hardi.

Comme une conséquence rigoureuse, certaines personnes rejettent formellement, passent sous silence, et semblent oublier et ignorer tous les passages de l'Ecriture sainte, l'ensemble des écrits des Pères et des Docteurs, tous les documents pontificaux et tous les faits de l'hagiographie catholique, aussi longtemps qu’ils feront l'apologie du courage, de l'énergie et de l'esprit de combativité. Ils essaient de voir la religion d'un seul œil, et quand l'œil de la justice se ferme pour laisser ouvert seulement celui de la miséricorde, ce dernier est immédiatement perturbé et entraîne l'homme à la présomption téméraire de pouvoir se sauver sans mérite.

 

La croix du Christ n’éloigne pas les néophytes de l'Action Catholique

Un autre grand souci consiste à cacher tout ce qui peut donner aux non-catholiques ou aux indifférents, l'idée que l'Eglise est une école de la souffrance et du sacrifice. Les vérités austères sont strictement interdites. Pas un mot n'est dit de la mortification, de la pénitence ou de l'expiation. Ils ne parlent que des délices de la vie spirituelle. En conséquence, ils voient comme peu utile, pour ne pas dire complètement inepte, d’essayer d'attirer les non-croyants en leur parlant, par exemple, de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Ils ne souhaitent que parler du Christ-Roi et du Christ glorieux et triomphant ; les humiliations du Jardin des Oliviers et du Golgotha pourraient effrayer les âmes. Seuls les plaisirs du Tabor pourraient effectivement les attirer. Un certain prêtre nous a dit une fois que dans la sacristie d'une ancienne confrérie, toujours sous influence maçonnique, il a trouvé sur la porte cet avis : « Il est interdit de parler de l'enfer ». La même interdiction est de règle dans ces milieux. (1) Pour la même raison, ils ont aussi tendance à considérer la Semaine Sainte beaucoup plus comme une célébration joyeuse qui annonce le triomphe de Pâques, plutôt que comme une série de cérémonies visant à toucher les fidèles avec de compassion pour le Rédempteur et de remord pour leurs propres péchés.

 

Ces doctrines sont erronées parce qu'elles supposent un faux panorama

La première observation que nous devons formuler au sujet de tant d'erreurs, c'est qu'ils naissent de la fausse prémisse que toutes ou presque toutes les âmes séparées de l'Église sont dans la même situation psychologique, c'est-à-dire, n'ayant pas d'obstacles intérieurs autres que ceux purement intellectuels ou sentimentaux, elles attendent la thérapeutique stratégique de l'Action Catholique pour être sauvées. Et c'est pourquoi l'idée qu’une seule méthode d'apostolat peut être utilisée par l'Action Catholique - celle de demi-vérités, à demi-mot, en demi-teinte - est fausse.

Nous ne nions pas que telle ou telle âme hors de l'Eglise puisse se retrouver dans la situation décrite ci-dessus, et que certaines de ces âmes - mais pas toutes - ne pourraient être conduites à la vérité que par cette méthode de temporisation et procrastination.

C’est une grave erreur, cependant, que de supposer que la grande majorité des personnes hors de l'Eglise n’en sont séparées qu'en raison de préjugés intellectuels et de simples malentendus émotionnels.

Qu’on le veuille ou non, même chez les baptisés, le péché originel a laissé des traces graves et déplorables, non seulement dans l'intelligence, mais aussi dans la volonté et la sensibilité. Par conséquent, tous les hommes sentent un penchant au mal qu'ils ne peuvent vaincre qu'en combattant, parfois héroïquement. Pour le démontrer, nous ne devons pas chercher des exemples dans les combats inévitables contre leurs propres inclinations par des pécheurs en train de sortir d'une vie pleine de vice. Un rapide coup d’œil sur la vie des saints suffit pour voir que même après de nombreuses années de pratique de la vertu la plus austère, et ayant déjà acquis un degré élevé d'intimité avec Dieu, ces derniers ont été forcés de se faire une extrême violence pour s'abstenir de commettre des actes hautement condamnables. Saint Benoît, qui se retira du monde et s’est donné totalement à la contemplation divine, a dû rouler sur des épines pour éteindre la concupiscence qui allait le faire glisser vers le péché. Saint Bernard, quant à lui, se jeta dans un lac pour obtenir la même victoire.

À quatre-vingt-dix ans, saint Alphonse de Liguori, évêque, docteur de l'Eglise et fondateur d'une congrégation religieuse, éprouva encore les assauts de la concupiscence. Ainsi nous comprenons les difficultés que le péché originel crée pour le respect de la doctrine catholique par les fidèles, des difficultés qui sont si grandes que la morale catholique en dit qu'elles sont nettement supérieures à la seule force humaine ; et c'est une hérésie que d'affirmer qu'il est possible pour l'homme, par sa propre force et sans l'aide surnaturelle de la grâce, de pratiquer tous les commandements d'une manière durable. Pour résumer tout ce que nous avons dit, et pour montrer que nous n'exagérons pas, concluons avec les paroles de Léon XIII. Le grand Pape a dit que suivre la morale catholique

« C’est là une grande tâche qui exige souvent beaucoup de peine, d’énergie et de constance. Car, malgré le renouvellement de la nature humaine par le bienfait de la Rédemption, il subsiste néanmoins en chacun de nous une sorte de maladie, d’infirmité et de corruption.

« Des appétits divers emportent l’homme çà et là, et les séductions du dehors poussent facilement son âme à rechercher ce qui lui plaît plutôt qu’à suivre les commandements du Christ. Or, il nous faut pourtant réagir et lutter de toutes nos forces contre nos passions, en esprit de soumission au Christ ; …. Dans cette lutte contre soi-même, chacun doit être disposé à supporter les obstacles et les souffrances pour la cause du Christ. Il est difficile de repousser les objets qui ont tant de charme et d’attrait ; il est dur et pénible de mépriser ce qu’on appelle les biens du corps et de la fortune pour se conformer à la volonté souveraine du Maître, le Christ ; mais il faut que le chrétien ait patience et courage jusqu’au bout s’il veut passer chrétiennement le temps de sa vie ». (2)

Dans l'Écriture, il y a de nombreux passages qui confirment l'affirmation du grand Léon XIII : « … parce que l'esprit de l'homme et toutes les pensées de son cœur sont portées au mal dès sa jeunesse » (Gn 8,21), comme le met en garde le Saint-Esprit.

Jusqu'à présent, nous n'avons parlé que des obstacles créés pour l’homme par le péché originel. Combien plus convaincants en seront nos arguments, si nous prenons en compte aussi les tentations diaboliques !

Si la vie d'un catholique fidèle implique tant de batailles, il est facile de comprendre comment un incroyant serait opposé à la perspective même des obstacles considérables auxquels devrait faire face sa volonté avant de professer, de concert avec l'intelligence, un acte de foi. Eh bien, si beaucoup de fidèles, quoique soutenus par une surabondance de la grâce dans l'Eglise, ne parviennent pas à persévérer dans la voie de la vertu et parfois deviennent même des apostats et cruels ennemis de Jésus-Christ, combien plus des infidèles - souvent réconfortés par des grâces plus petites -- sont-ils conduits plus facilement à se retourner contre l'Eglise ou contre les catholiques avec une attitude de malveillance, plus ou moins consciente ou explicite, et parfois même rancunière : on est bien loin de la position exclusivement pacifique et sans ressentiment qu’attribuent aux infidèles certains milieux catholiques.

Ainsi, dans la lutte apostolique, une atmosphère de combat existera jusqu'à la fin des temps – combat vécu saintement de notre part, mais parfois de façon satanique de la part de nos adversaires. En effet, l'Ecriture dit que «Les justes ont en abomination l'homme impie, et les impies ont en abomination ceux qui sont dans la droite voie » (Pr 29,27). Il s'agit de la réalisation de l'inimitié inexorable créée par Dieu lui-même, et donc très forte, qui sépare les enfants de la Sainte Vierge de ceux du serpent : « Inimicitias ponam inter te et mulierem ».

Pour cette raison, « En face du mal est le bien, et la vie en face de la mort ; ainsi le pécheur est en face de l'homme juste. Considère de même toutes les œuvres du Très-Haut ; elles sont deux à deux et opposées » (Eccli 33,15). Voilà, dans la conception erronée que nous combattons, ce à quoi sont réduits habituellement les « malentendus sentimentaux » dont les infidèles sont censés être victimes plutôt que coupables.

À la veille de sa conversion, le grand Augustin sentait encore des très forts obstacles moraux, causés par la concupiscence, et dans ses admirables Confessions, il nous raconte le combat titanesque qu’il a dû mener avant d'atteindre le port qui est l'Eglise. Et c'est là le témoignage que donnent, en règle générale, ces convertis de leur propre conversion, opérée généralement par le biais d'événements vraiment tragiques, où la raison combat contre l'inclinaison la plus véhémente des sens vers le mal. Beaucoup plus rare est le cas d'âmes qui se sont changées sans effort et sans combat, et presque sans le sentir ; car malheureusement, le nombre des hommes réduits en esclavage par les passions de toutes sortes est beaucoup plus grand.

 

Raison pour laquelle ils excluent l’emploi de ressources très importantes

Alors, quand la volonté s'accroche avec tant d'obstination à ses propres erreurs, il arrive souvent que seule une description objective, franche et apostolique de la laideur de ses actions peut atteindre l'effet désiré. Les exemples des saintes Ecritures sont innombrables dans ce sens, et les exhortations des prophètes contre les péchés de Babylone, Ninive et ceux du peuple de Dieu lui-même, loin de chercher un «terrain d'entente», constituent une nette division des camps, où la clarté éblouissante de la vraie morale est opposée dans un cruel contraste à toute l'abjection du paganisme et la brutale ingratitude des enfants de Dieu.

Ce serait une grave erreur que de prétendre que le Nouveau Testament a supprimé ces premières manifestations de la vérité. Pour ceux qui l'interrogèrent sur la voie de la vertu, saint Jean Baptiste ne répondit pas en cherchant à créer ce fameux « terrain d’entente ». Au contraire, il dit : «Race de vipères, qui vous a appris à fuir la colère qui va venir ? Car déjà la cognée est mise à la racine des arbres ; tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit sera coupé et jeté au feu » (Mt 3,7-10).

Saint Jean Baptiste déclara franchement à Hérode le fameux « non licet tibi », qu'il il paya de sa vie. Cette tactique fut-elle été néfaste ? Non, au contraire, l'Evangile nous raconte que son prestige auprès d'Hérode était grand et qu’Hérode le défendit contre les pièges de ses ennemis : « Or Hérodiade tendait des pièges à Jean, et voulait le faire mourir ; mais elle ne le pouvait pas. Car Hérode craignait Jean, sachant qu'il était un homme juste et saint, et il le gardait, faisait beaucoup de choses selon ses avis, et l'écoutait volontiers » (Mc 6,19-20). Évidemment tant les prophètes que saint Jean Baptiste ont eu des attitudes inspirées par le Saint-Esprit afin de gagner le plus d'avantages en faveur des âmes égarés : par conséquent, ils ne pouvaient pas avoir commis d'erreur.

 

Ressources … que Notre Seigneur employa…

Si Notre Seigneur flagella les vendeurs dans le Temple, il le fit dans l'intérêt de leur âme ; et quand il appela les Pharisiens un nid de vipères et sépulcres blanchis, il voulait faire du bien à ces âmes perverses. Il en est de même de ceux qui ont causé le scandale, dont il dit qu'il leur serait préférable d'avoir une meule attachée autour du cou et d'être jetés dans les profondeurs de la mer : son dessein miséricordieux était certainement d’arrêter certains d'entre eux qui étaient au bord du péché. Et lorsqu’Il combla de menaces les villes ingrates de Jérusalem, Corozaïn et Bethsaïde, il le fit pour avertir tous les peuples futurs contre le péché d'ingratitude.

Quant à l’apologétique, un coup d’œil aux grandes pages des Pères et des Docteurs, en examinant, par exemple, la magnifique fierté avec laquelle saint Augustin dans La Cité de Dieu, se moque de toutes les misères du paganisme, suffit pour comprendre comment les meilleurs apologètes, dans leur sagesse, ont jugé que cette méthode était indispensable pour défendre la sainte Église de manière adéquate. Bien sûr, cette méthode est très différente de la construction du «terrain d’entente».

Parce que les Ecritures en général et le Nouveau Testament en particulier sont le plus souvent lus avec une déplorable partialité, à la fin de ce livre nous citons une série de passages qui constituent une réprimande de l'utilisation systématique de la fameuse tactique du «terrain d’entente».

 

…et dont le Saint-Siège condamna le rejet

L'analyse de cette question serait incomplète si nous n’ajoutions pas une autre réflexion. Pratiquée uniquement dans des cas exceptionnels, la tactique que nous avons examinée peut être considérée comme un outil légitime et efficace de la charité. Cependant, si on en fait une règle générale, elle dégénère facilement vers le respect humain et l'hypocrisie, attirant à nous le mépris de nos ennemis. Le Saint-Siège a expressément condamné cette erreur. Voici ce que Sa Sainteté le Pape Léon XIII dit à propos de cette tactique de recul perpétuel :

« Reculer devant l'ennemi et garder le silence, lorsque de toutes parts s'élèvent de telles clameurs contre la vérité, c'est le fait d'un homme sans caractère, ou qui doute de la vérité de sa croyance. Dans les deux cas, une telle conduite est honteuse et elle fait injure à Dieu ; elle est incompatible avec le salut de chacun et avec le salut de tous ; elle n'est avantageuse qu'aux seuls ennemis de la foi ; car rien n'enhardit autant l'audace des méchants que la faiblesse des bons...

« D'ailleurs, la lâcheté des chrétiens mérite d'autant plus d'être blâmée, que souvent il faudrait bien peu de chose pour réduire à néant les accusations injustes et réfuter les opinions erronées ; et, si l'on voulait s'imposer un plus sérieux labeur, on serait toujours assuré d'en avoir raison. Après tout, il n'est personne qui ne puisse déployer cette force d'âme où réside la propre vertu des chrétiens ; elle suffit souvent à déconcerter les adversaires et à rompre leurs desseins. De plus, les chrétiens sont nés pour le combat. Or, plus la lutte est ardente, plus, avec l'aide de Dieu, il faut compter sur la victoire : Ayez confiance, j'ai vaincu le monde » . (3)

En outre, le Saint-Esprit censura les compromis excessifs proches du mensonge : « Ceux qui disent à l'impie : Tu es juste, seront maudits des peuples et détestés des nations. Ceux qui le condamnent seront loués, et la bénédiction viendra sur eux » (Pr 24,24-25).

En effet, dans la lutte entre adversaires militants, rien n’est plus apte à créer une atmosphère de respect mutuel et même d'admiration que des convictions profondes et fortes, exprimées sans arrogance mais avec le courage franc et direct de celui qui possède la vérité et n'en a pas honte ; convictions exprimées de manière explicite, limpide, et défendues avec une argumentation solide. Combien d'admiration suscitaient chez les païens qui remplissaient le cirque romain et le Colisée, les professions audacieuses de foi des martyrs, si contraires à l'esprit du paganisme, et qui se heurtaient si fort à l’ambiance générale, mais qui en même temps, étaient revêtues de la splendeur de la loyauté et du prestige du sang ! Quelle admiration avaient les Maures pour les croisés héroïques, qui se battaient comme des lions mais devenaient doux comme des agneaux face à un adversaire blessé ou mourant. Avec quel mépris, au contraire, avons-nous fulminé la propagande protestante qui cherche à utiliser contre nous des méthodes très en vogue dans certains milieux de l'Action Catholique. Ils se sont appelés «spiritualistes», «chrétiens», même «catholiques libres», dans le but spécifique de créer un «terrain d’entente» ambigu afin de pêcher en eaux troubles. N’imitons pas les méthodes mêmes que nous combattons ; n’adoptons pas la tactique du recul perpétuel, l'utilisation invariable de termes ambigus, et l'habitude constante de cacher notre foi par des comportements qui reviennent en définitive au triomphe du respect humain.

S'adressant à une association qui souhaitait  réformer ses statuts de manière à cacher son caractère catholique et obtenir plus d'avantages, saint Pie X a écrit :

« Il n'est ni loyal ni digne de dissimuler, en la couvrant d'un drapeau équivoque, sa qualité de catholique comme si c'était une marchandise avariée et de contrebande. De plus, avec l'idée de « justice chrétienne », très large et dangereuse, on ne sait jamais à quel point on pourrait arriver pour l'esprit des Ligues qui adhéreraient et, par conséquent, pour les personnes qui pourraient être portées par les élections à la direction.

« Que l'Union économico-sociale déploie donc courageusement le drapeau catholique et s'en tienne fermement au statut approuvé le 20 mars dernier. Pourra-t-on obtenir ainsi le but de la Fédération. Nous en remercierons le Seigneur. Notre désir sera-t-il vain? Il restera toujours les Unions partielles, mais catholiques, qui conserveront l'esprit de Jésus-Christ, et le Seigneur ne manquera pas de nous bénir ». (4)

Sa Sainteté le Pape Pie X a répété la même pensée à l’Abbé Ciceri, dans une lettre du 20 octobre 1912 : «la vérité ne veut pas de déguisements ; notre drapeau doit être déployé ». (5)

L’Ecriture dit qu'il n'y a rien de neuf sous le soleil. Malheureusement, cette affirmation est particulièrement vraie s'agissant des erreurs. Ils se répètent périodiquement. Ainsi, le problème actuel semblait être très évident sous le pontificat de Pie X, non seulement à l’égard de l'apostolat des œuvres - nous avons vu comment l’Union Socioéconomique s’attira une censure à cet égard -, mais aussi dans le domaine de la science. De nombreux scientifiques catholiques, mus par le souhait d'éviter, autant que possible, les frictions avec les scientifiques naturalistes, se sont laissé berner par l'espoir qu'en faisant quelques concessions, il leur serait possible de développer un apostolat fécond. Toujours dans le domaine politique, de nombreux hommes d'état ont jugé que, en n'affirmant pas certains droits de l'Église, ou en le faisant de manière très limitée, ils obtiendraient une ère de paix pour le catholicisme.

Le très suave mais zélé souverain pontife défit ces illusions dans des termes qui pourraient résoudre notre problème, qui est essentiellement le même. Écoutons-le :

« Plus grossière encore est l’erreur, quand, dans les droits de l’Eglise, on les sacrifie à des intérêts particuliers, on les diminue injustement, on pactise avec le monde, qui est tout entier plongé dans le mal (I Joan. V, 19) : tout cela sous prétexte de gagner les fauteurs de nouveautés et de les réconcilier avec l’Eglise : mais depuis quand peut-il y avoir accord entre la lumière et les ténèbres, entre le Christ et Bélial ? Rêves d’esprits malades, que tout cela on n’a jamais cessé de forger de telles chimères, et n’attendons pas qu’on cesse de le faire tant qu’il y aura de lâches soldats toujours prêts à fuir en jetant leurs boucliers dès qu’ils voient l’ennemi ; tant qu’il aura des traitres toujours pressés de pactiser avec l’ennemi, c’est-à-dire, en l’espèce, avec le très malfaisant ennemi de Dieu et des hommes ». (6)

À l’évidence, Pie X croit qu’il y a « parfois » des cas où une certaine temporisation serait juste. Pour cette raison, dans un autre endroit de la même encyclique, tout en employant un langage très prudent que nous soulignons en gras, Sa Sainteté ajoute : « Cela ne signifie pas qu'il n'est pas possible, à certains moments, de céder un peu de ses droits : cela est permis dans une certaine mesure, et le salut des âmes peut l’exiger ».

Dans une autre encyclique, le Saint-Père traite du même sujet :

« D'où vous voyez, Vénérables Frères, combien est grave l'erreur de ceux qui, pensant ainsi bien mériter de l'Église et travailler fructueusement au salut éternel des hommes, se permettent, par une prudence toute mondaine, de larges concessions à une prétendue science, cela dans le vain espoir de gagner plus facilement la bienveillance des amis de l'erreur ; en fait, ils s'exposent eux-mêmes au danger de perdre leur âme. La vérité est une et indivisible ; éternellement la même, elle n'est pas soumise aux caprices des temps : Ce que Jésus était hier, il l'est aujourd'hui, il le sera dans tous les siècles » (Ad Hebr 13, 8).

« Ils se trompent aussi, et grandement, ceux qui, dans les distributions publiques de secours, principalement en faveur des classes populaires, se préoccupent au plus haut point des nécessités matérielles et négligent le salut des âmes et les devoirs souverainement graves de la vie chrétienne. Parfois même, ils ne rougissent pas de couvrir comme d'un voile les préceptes les plus importants de l'Évangile ; ils craindraient de se voir moins bien écoutés, peut-être même abandonnés. Sans doute, quand il s'agira d'éclairer des hommes hostiles à nos institutions et complètement éloignés de Dieu, la prudence pourra autoriser à ne proposer la vérité que par degrés. «  S'il vous faut trancher des plaies, dit saint Grégoire, palpez-les d'abord d'une main légère » (Registr. V, 44 (18) ad Joannem episcop.). Mais ce serait transformer une habileté légitime en une sorte de prudence charnelle que de l'ériger en règle de conduite constante et commune, et ce serait aussi tenir peu de compte de la grâce divine, qui n'est pas accordée au seul sacerdoce et à ses ministres, mais favorise tous les fidèles du Christ, afin que nos actes et nos paroles touchent leurs âmes. Une telle prudence, saint Grégoire la méconnut et dans la prédication de l'Évangile, et dans les autres œuvres admirables qu'il accomplit pour le soulagement des misères humaines. Il s'attacha à l'exemple des apôtres, qui disaient, au jour où ils entreprirent de parcourir l'univers et d'y annoncer le Christ : « Nous prêchons Jésus crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les gentils » (I Cor. I, 23) Mais, s'il fut jamais un temps où les secours de la prudence humaine ont pu paraître opportuns, c'est bien celui-là : car les esprits n'étaient nullement préparés à accueillir cette nouvelle doctrine, qui répugnait si vivement aux passions partout maîtresses, et heurtait de front la brillante civilisation des Grecs et des Romains.  

« Et pourtant, les apôtres jugèrent cette sorte de prudence incompatible avec leur mission, car ils connaissaient le décret divin : ‘ C'est par la folie de la .prédication qu'il a plu à Dieu de sauver ceux qui croiront en lui » (Ibid., I, 21). Cette folie fut toujours, et elle est encore,  « pour ceux qui se sauvent, c'est-à-dire pour nous, la force de Dieu » (Ibid., I, 18) ; le scandale de la croix a fourni et fournira à l'avenir les armes les plus invincibles ; il fut jadis et il sera pour nous encore un ‘signe de victoire’.

« Mais ces armes, Vénérables Frères, perdront toute leur force et toute leur utilité si elles sont maniées par des hommes qui ne vivent pas intérieurement avec le Christ, qui ne sont pas imprégnés d'une vraie et robuste piété, que n'embrase pas le zèle de la gloire de Dieu, l'ardent désir d'étendre son royaume ». (7)

Dans ce dernier passage, Sa Sainteté nous donne la raison profonde de tant de prudence humaine, de tant de temporisation, en un mot, de tant de désir de ne pas combattre : la bataille de l'apostolat est menée avec des armes surnaturelles qui ne sont tempérées qu'au creux de la vie intérieure. Une fois cette vie intérieure affaiblie, oubliée, et diminuée par les doctrines multiples mentionnées dans les chapitres précédents, le résultat ne tarde pas à se faire sentir dans le domaine de la stratégie apostolique, produisant les fruits du libéralisme et du naturalisme qui sont là.

 

Elle est sévèrement punie par Dieu

Que Dieu nous délivre de la juste colère que ces écarts peuvent lui causer. Cette colère peut prendre des proportions effrayantes. Nul n'ignore le haut degré de splendeur atteint par l'empire romain d'Occident. Pourtant, sa civilisation grandiose - l'une des plus grandes de l'histoire - est morte précisément par la colère qu’a provoquée en Dieu cette compromission sans fin des catholiques avec le mal. Temples, palais, thermes, aqueducs, bibliothèques, cirques, théâtres, tout s’est écroulé.

Pourquoi ? Selon Saint Augustin, il y avait trois causes de la chute de l'Empire romain d'Occident, et parmi elles, la lâcheté des catholiques dans la lutte contre les désordres du paganisme. Ils ont adopté la tactique de la prudence humaine, des demi-vérités et du « terrain d’entente ». Pour cette raison, Dieu les a punis d'une invasion barbare, qui s'est avéré l'une des épreuves les plus terribles de toute l'histoire de l'Eglise. Par l'étendue du châtiment nous pouvons bien mesurer la gravité de la faute. Dans le Livre I, de La Cité de Dieu, saint Augustin dit :

« Il est facile de trouver quelqu'un (à Rome) qui se conduit aujourd’hui comme il le devrait à l’égard de ces méchants dont l’orgueil, l’avarice, les débauches et les impiétés, ont décidé Dieu à répandre la désolation sur la terre, ainsi qu’il en menace les hommes par la bouche de ses prophètes ? En effet, il arrive souvent que, par une dangereuse dissimulation, nous feignons de ne pas voir leurs fautes, pour n’être point obligés de les instruire, de les avertir, de les reprendre et quelquefois même de les corriger, et cela, soit parce que notre paresse ne veut pas s’en donner le soin, soit parce que nous n’avons pas le courage de leur rompre en visière, soit enfin parce que nous craignons de les offenser et par suite de compromettre des biens temporels que notre convoitise veut acquérir ou que notre faiblesse a peur de perdre. Et de la sorte bien que les gens honnêtes aient en horreur la vie des méchants, et qu’à cause de cela ils ne tombent pas dans la damnation réservée aux pécheurs après cette vie ; toutefois, de cela seul qu’ils se sont montrés indulgents pour les vices damnables dont les méchants sont souillés, par la seule crainte de perdre des biens passagers, c’est justement qu’ils sont châtiés avec eux dans le temps, sans être punis comme eux dans l’éternité ; c’est justement qu’ils sentent l’amertume de la vie, pour en avoir trop aimé la douceur et s’être montrés trop doux envers les méchants.

« Je ne blâme pourtant pas la conduite de ceux qui ne reprennent pas et ne corrigent pas les pécheurs, parce qu’ils attendent une occasion plus favorable, ou parce qu’ils craignent, soit de les rendre pires, soit de les porter à mettre obstacle à la bonne éducation des faibles et aux progrès de la foi ; car alors c’est plutôt l’effet d’une charité prudente que d’un calcul intéressé. Mais le mal est que ceux qui vivent tout autrement que les impies et qui abhorrent leur conduite, leur sont indulgents au lieu de leur être sévères, de peur de s’en faire des ennemis et d’en être traversés dans la possession de biens-fort légitimes, il est vrai, mais auxquels devraient être moins attachés des chrétiens, voyageurs en ce monde et qui font profession de regarder le ciel comme leur patrie. Je ne parle pas seulement de ces personnes naturellement plus faibles, qui sont engagées dans le mariage, ont des enfants ou veulent en avoir, et possèdent des maisons et des serviteurs, de toutes celles enfin à qui l’Apôtre s’adresse, quand il donne des préceptes sur la manière dont les femmes doivent vivre avec leurs maris et les maris avec leurs femmes, sur les devoirs mutuels des pères et des enfants, des maîtres et des serviteurs 1 ; ces personnes, dis-je, ne sont pas les seules qui soient très-aises d’acquérir plusieurs biens temporels et très-fâchées de les perdre, et qui n’osent par cette raison choquer des hommes dont elles détestent les mœurs ; je parle aussi de celles qui font profession d’une vie plus parfaite, qui ne sont point engagées dans le mariage et se contentent de peu pour leur subsistance ; je dis que celles-là-même ne peuvent souvent se résoudre à reprendre les méchants, parce qu’elles craignent de hasarder contre eux leur réputation et leur vie, et redoutent leurs embûches et leurs violences. Et quoique cette crainte et les menaces mêmes des impies n’aillent pas jusqu’à décider ces personnes timides à imiter leurs exemples, c’est cependant une chose déplorable qu’elles n’aient point le courage, en présence de désordres dont la complicité leur ferait horreur, de les frapper d’un blâme qui serait pour plusieurs une correction salutaire. Pourquoi cette réserve ? Est-ce afin de conserver leur considération et leur vie pour l’utilité du prochain ? Non, c’est par amour pour leur considération même et pour leur vie ; c’est par cette complaisance dans les paroles flatteuses et dans les opinions du jour, qui fait redouter le jugement du vulgaire, les tourments et la mort de la chair ; en un mot, c’est l’esclavage de l’intérêt personnel qu’on subit, au lieu de s’affranchir par la charité ».

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Notes :

(1) Il est très important de noter que le Concile de Trente enseigne (Can. 818) :

  Si quelqu'un dit que la crainte de l'enfer, par laquelle, en nous affligeant de nos péchés, nous nous réfugions dans la miséricorde de Dieu ou nous nous abstenons de pécher, est un péché ou rend les hommes encore pires : qu'il soit anathème.

    Bien que ce texte ne soit pas immédiatement applicable à notre cas, la manière dont le Concile lui-même définit la vérité opposée à cette erreur constitue une négation indirecte de l'affirmation selon laquelle il ne faut pas prêcher sur l'enfer et les châtiments qui attendent les pécheurs après la mort. Le Concile déclare : « … peccatores …  a divinae justitiae timore … utiliter concutiuntur » (Can. 798). Ainsi, nul ne peut nier qu'il est « utile de faire bouger les pécheurs par peur de la justice ».

  Ainsi, comment peut-on interdire ou mettre en garde les milieux catholiques contre cet apostolat, pourvu qu’on s'abstienne d'aller d'un extrême à l'autre, c'est-à-dire, passer d'une contemplation exclusive de la bonté de Dieu à une appréhension exclusive de sa sévérité? 

  Bien sûr, nous ne nions pas que la méditation des châtiments éternels peut être utile de façon inégale : plus profitable pour certains et moins pour d'autres. En général, toutefois, sauf pour certains états spirituels particuliers ou des cas pathologiques, ce sujet est toujours utile et doit toujours être traité avec clarté et insistance.

(2) Encyclique Tametsi Futura Prospicientibus, 1 novembre 1900.

(3) Léon XIII, Encyclique Sapientiae Christianae, 10 janvier 1890.

(4) Lettre au Comte Medolago Albani du 22 novembre 1909 : Actes de S.S. Pie X, Bonne Presse, vol. V, page 76.

(5) Lettre de S.S. Pie X à M. l'abbé Ciceri (20 octobre 1912) : Actes de S.S. Pie X, Bonne Presse, vol. VII, page 167.

(6) Pie X, Encyclique Communium Rerum, 21 avril 1909 : Actes de S. S. Pie X, Editions de "La Documentation Catholique", Paris, page 43.

(7) Pie X, Encyclique Jucunda Sane, 12 mars 1904.


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