Plinio Corrêa de Oliveira

 

 

Chapitre II
 
Apogée et crise de la Troisième Révolution

 

 

 

 

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Révolution et Contre-Révolution

Titre original: Revolução e Contra-Revolução

Publié dans Catolicismo, São Paulo, Brésil, Avril 1959 (I et II), Janvier 1977 (III)

Edité par la Société Française pour la Défense de la Tradition, de la Famile et de la Propriété - TFP

2, avenue de Lowendal 75007 PARIS

Dépôt légal : 4ème trimestre 1997

ISBN: 2-901039-24-3

1. Apogée de la IIIe Révolution

Comme nous l'avons vu (70), le processus de démolition de l'Eglise et de la civilisation chrétienne eut, pour étapes capitales, trois grandes révolutions: au XVIe siècle, l'Humanisme, la Renaissance et le protestantisme (Ière Révolution) ; au XVIIIe siècle, la Révolution française (IIe Révolution) ; et dans la deuxième décennie de ce siècle, le Communisme (IIIe Révolution).

Ces trois révolutions ne se conçoivent que comme les parties d'un tout immense : la Révolution.

La Révolution étant un processus, il est évident que, depuis 1917, la IIIe Révolution a continué sa marche. Elle se trouve en ce moment à un véritable apogée. 

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Ici s’insère un commentaire ajouté par l’auteur en 1992 :  

Crise dans la IIIe Révolution, conséquence inévitable des utopies marxistes

A l'échelle internationale - la plus ample des échelles - cet apogée était notoire (cela sera vu dans le texte un peu plus loin). Avec le recul du temps, le tableau de cet apogée se présente plus considérable encore, autant par l'importance des terres et des populations entièrement et effectivement assujetties aux régimes communistes, que par les dimensions impressionnantes de la machine internationale de propagande rouge, que par l'importance des partis communistes dans les pays occidentaux ainsi que par la pénétration des tendances communistes dans les différents domaines culturels de ces pays; tout cela accru par la panique mondiale engendrée par une menace atomique que l'agressivité soviétique, soutenue par un pouvoir nucléaire incontestable, faisait planer sur tous les continents.

Ces différents facteurs engendraient une mollesse et une capitulation presque universelles vis-à-vis de Moscou. Les Ostpolitiks allemande et vaticane, le vent pacifiste du désarmement inconditionnel soufflant sur le monde, le pullulement de slogans et de formules politiques préparant tant de bourgeoisies non encore communistes à accepter celui-ci comme un fait qui s'accomplirait dans un futur proche: nous avons tous vécu sous la pression psychologique de cet optimisme de gauche, énigmatique comme un sphinx pour les centristes indolents, et menaçant comme un Léviathan pour ceux qui - comme les TFP et les disciples de « Révolution et Contre-Révolution » éparpillés de par le monde - discernaient bien « l'apocalypse » à laquelle tout cela menait.

Qu'ils étaient peu nombreux alors ceux qui voyaient que ce Léviathan portait en lui-même une crise in crescendo qu'il n'arrivait pas à résoudre parce qu'elle était le fruit inévitable des utopies marxistes ! La crise s'est en effet développée et semble avoir désintégré le Léviathan. Mais comme nous le verrons plus loin, cette désintégration a diffusé à son tour, à travers tout l'univers, un climat de crise plus mortel encore. 

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Continuation du texte de 1976 :

Si l'on considère les territoires et les populations soumis à des régimes communistes, la IIIe Révolution dispose d'un empire mondial sans précédent dans l'histoire. Cet empire est un facteur constant d'insécurité et de désunion entre les plus grandes nations non-communistes.

D'autre part, les dirigeants de la IIIe Révolution tiennent les ficelles qui animent, dans le monde non-communiste tout entier, les partis officiellement communistes et l'immense réseau de crypto-communistes, de para-communistes et d'imbéciles-utiles, infiltrés non seulement dans les partis qui ne se présentent pas comme communistes - socialistes et autres - mais encore dans les églises (71), dans les organisations professionnelles et culturelles, les banques, la presse, la télévision, la radio, le cinéma, etc.

Et comme si tout cela ne suffisait pas, la IIIe Révolution manie avec une terrible efficacité les tactiques de conquête psychologique dont nous parlerons plus loin. Par leur mise en œuvre, le communisme parvient progressivement à réduire à un état de torpeur nonchalante et apathique d'immenses fractions non-communistes de l'opinion publique occidentale. Ces tactiques permettent à la IIIe Révolution d'espérer sur ce terrain des succès plus marquants encore, et plus déconcertants pour les observateurs qui analysent les faits de l'extérieur.

L'inertie, quand ce n'est pas l'ostensible et substantielle collaboration de nombreux gouvernements « démocratiques » de l'Occident, et en sourdine de forces économiques privées, avec un communisme aussi puissant, caractérise la terrible situation globale du monde actuel.

Dans ces conditions, si le processus révolutionnaire continue son cours comme par le passé, il est humainement inévitable que la IIIe Révolution finisse par s'imposer au monde entier. - D'ici combien de temps ? Beaucoup sursauteraient en nous voyant suggérer, à titre de pure hypothèse, encore vingt ans. Ce délai leur paraîtra étonnamment exigu. Mais en réalité, qui peut garantir que le dénouement ne surviendra pas d'ici cinq ans, dix ans, ou même avant ?

La proximité, l'imminence éventuelle de cette grande hécatombe, est sans aucun doute l'un des éléments qui indiquent la plus grande transformation accomplie dans la conjoncture mondiale entre les horizons de 1959 et ceux de 1976.

 

A. Sur la route de l'apogée, la IIIe Révolution a évité avec soin les aventures totales et inutiles

Bien que les mentors de la IIIe Révolution aient entre les mains la possibilité de se lancer, d'un moment à l'autre, dans l'aventure de la conquête complète du monde par une série de guerres, de manœuvres politiques, de crises économiques et de révolutions sanglantes, il faut bien voir qu'une telle aventure présente des risques considérables. Ils n'accepteront de les courir que si cela leur semble indispensable.

En effet, si l'emploi continuel des méthodes classiques a amené le pouvoir du communisme à son apogée actuel, en n'exposant le processus révolutionnaire qu'à des risques soigneusement circonscrits et calculés, il est explicable que les guides de la Révolution mondiale espèrent atteindre l'entière domination du monde sans courir le risque de catastrophes irrémédiables, inhérent à toute grande aventure.

 

B. Aventure, dans les prochaines étapes de la IIIe Révolution ?

Le succès des méthodes habituelles de la IIIe Révolution est cependant compromis par l'apparition de circonstances psychologiques défavorables, qui se sont fortement accentuées au long de ces vingt dernières années. - Ces circonstances forceront-elles le communisme à opter dorénavant pour l'aventure ? 

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Ici s’insère un commentaire ajouté par l’auteur en 1992:

« Perestroïka » et « Glasnost »: démantèlement de la IIIe Révolution ou métamorphose du communisme ?

Le moment de jouer une immense carte politique, la plus importante dans l'histoire du communisme, parut enfin arrivé aux dirigeants suprêmes du communisme international à la fin de 1989. Celle-ci consistait à faire tomber le rideau de fer et le mur de Berlin ce qui, ajouté aux programmes « libéralisants » de la « glasnost » (1985) et de la « perestroïka » (1986), devait précipiter l'apparent démantèlement de la IIIe Révolution dans le monde soviétique.

Ce démantèlement attirerait alors, à son suprême promoteur et exécuteur, Mikhaïl Gorbatchev, la sympathie exubérante et la confiance sans réserve, en Occident, des puissances économiques nationalisées et en grande partie de celles du secteur privé.          

A partir de là, le Kremlin pourrait espérer le déferlement d'un flot gigantesque de secours financiers dans ses coffres vides. Ces espérances furent amplement confirmées par les faits, et permirent à Gorbatchev et à son équipe de continuer à flotter, timon en main, sur la mer de misère, d'indolence et d'inaction, où la malheureuse population russe, assujettie il y a peu de temps encore au capitalisme d'Etat intégral, se laisse aller avec une passivité déconcertante. Passivité propice à la généralisation du marasme, du chaos, et peut-être à la formation d'un conflit interne susceptible de dégénérer à son tour, en une guerre civile... ou mondiale (72).

Ce fut dans ce cadre qu'explosèrent les événements sensationnels et brumeux d'août 1991, dont les protagonistes (Gorbatchev, Yeltsin et autres acteurs) ouvrirent la voie à la transformation de l'URSS en une confédération fragile, puis à son démantèlement.

Il est question de la chute éventuelle du régime de Fidel Castro à Cuba et de l'invasion possible de l'Europe occidentale par des hordes d'affamés venus de l'Est et du Maghreb. Les différentes tentatives d'incursion de malheureux Albanais en Italie auraient même été les premiers ballons d'essais de cette nouvelle « invasion des barbares » en Europe.

Certains, dans la Péninsule ibérique comme en d'autres pays d'Europe, considèrent ces hypothèses à l'intérieur d'un panorama qui inclut la présence de multitudes de mahométans, admis tranquillement au long des années précédentes en de nombreux points de ce continent, ainsi que les projets de construction d'un pont sur le détroit de Gibraltar, reliant le nord de l'Afrique au territoire espagnol, ce qui favoriserait encore davantage d'autres invasions musulmanes en Europe.

Trait commun curieux entre la chute du rideau de fer et la construction de ce pont: ces deux événements ouvriraient le continent européen à des invasions analogues à celles que Charlemagne repoussa victorieusement, c'est-à-dire, les invasions de hordes barbares ou semi-barbares venues de l'est et de hordes musulmanes venues du sud du continent européen.

Le cadre pré-médiéval paraît se recomposer. Mais il y manque quelque chose : l'ardeur printanière de la foi des populations catholiques appelées à faire front simultanément à ces deux forces. Et surtout, il manque quelqu'un: où trouver aujourd'hui un homme de l'étoffe de Charlemagne ?

Lorsque nous imaginons le développement des hypothèses énoncées ci- dessus, dont le principal théâtre serait l'Occident, la grandeur et le caractère dramatique de leurs conséquences ne peuvent manquer d'inquiéter.

Cette vision d'ensemble n'embrasse cependant pas, loin de là, la totalité des effets que des voix autorisées, venant de cercles intellectuels sensiblement opposés les uns aux autres, et d'organes de communication impartiaux, annoncent aujourd'hui.

L'opposition croissante, par exemple, entre les pays consommateurs et les pays pauvres; ou, en d'autres termes, entre les nations riches et industrialisées et celles qui ne sont que productrices de matières premières.

De là naîtrait un heurt de dimension mondiale entre les différentes idéologies, groupées d'un côté autour d'un enrichissement infini, et de l'autre d'une « sous-consommation » misérabiliste. Face à cette éventualité, il est impossible de ne pas se rappeler la lutte des classes préconisée par Marx. Et la question surgit naturellement: cette lutte ne serait-elle pas la projection, en termes mondiaux, d'un choc analogue à celui que Marx a surtout conçu comme un phénomène socio-économique à l'intérieur des nations, conflit auquel chacune de celles-ci participerait avec ses caractéristiques propres ?

Dans cette hypothèse, la lutte entre les nations développées et le tiers-monde servirait de camouflage au marxisme qui, honteux de son échec socio-économique catastrophique, et métamorphosé, chercherait à obtenir, avec des possibilités renouvelées de succès, la victoire finale ? Victoire ayant, jusqu'à présent, échappé aux mains de Gorbatchev qui, s'il n'est certainement pas « docteur en perestroïka », en est au moins un mélange de barde et de prestidigitateur...

On ne peut en effet mettre en doute que la « perestroïka » soit une nuance du communisme, puisque son auteur lui-même le confesse dans l'essai publicitaire « Perestroïka - Nouvelles idées pour mon pays et le monde » (73) : « La finalité de cette réforme est de garantir... la transition d'un système de droit excessivement centralisé et dépendant d'ordres supérieurs, vers un système démocratique basé sur une combinaison de centralisme démocratique et d'autogestion ». Autogestion qui, de plus, était « l'objectif suprême de l'Etat soviétique » selon ce qu'établissait la Constitution de l'ex-URSS elle-même dans son préambule. 

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Continuation du texte de 1976 :

2. Obstacles inattendus à l'application des méthodes classiques de la IIIe Révolution

A. Déclin du pouvoir de persuasion

Examinons d'abord ces circonstances.

La première est le déclin du pouvoir de persuasion du prosélytisme communiste.

Il fut un temps où le communisme international recrutait principalement ses adeptes par l'exposé explicite et catégorique de sa doctrine.

Pour des motifs qu'il serait trop long d'énumérer, les conditions sont aujourd'hui devenues fortement défavorables à cet endoctrinement dans de vastes secteurs de l'opinion publique et dans presque tout l'Occident. Le pouvoir persuasif de la dialectique et de la propagande communiste doctrinaire, intégrale et ostensible, a visiblement diminué.

C'est pourquoi, de nos jours, la propagande communiste procède de plus en plus avec douceur, lenteur, et en se camouflant. Ce camouflage s'effectue tantôt en diffusant les principes marxistes, épars et voilés, dans la littérature socialiste; tantôt en insinuant, jusque dans la culture que nous appellerions "centriste", des principes qui, à la manière de germes, se multiplient en amenant les centristes à accepter subrepticement et graduellement toute la doctrine communiste.

 

B. Déclin de la suprématie révolutionnaire du communisme

A la diminution du pouvoir de persuasion directe du credo rouge sur les multitudes, que dénote ce recours à des moyens obliques, lents et laborieux, s'ajoute un déclin de la suprématie révolutionnaire du communisme.

Comment se manifestent ces phénomènes corrélatifs et quels en sont les fruits?  

a. Haine, lutte des classes, Révolution. Le mouvement communiste est, et se considère, essentiellement comme une révolution issue de la haine des classes. La méthode la plus cohérente avec cette haine est la violence. C'est la méthode directe et foudroyante, dont les mentors du communisme attendaient un maximum de résultats dans un minimum de temps avec un minimum de risques.

Cette méthode repose sur la capacité de direction, d'inspiration et d'entraînement des différents partis communistes, qui leur permettait de créer des mécontentements, de transformer ces mécontentements en haines, d'articuler ces haines en une immense conjuration, et de mener ainsi à terme, avec la force "atomique" du déferlement de ces haines, la démolition de l'ordre actuel et l'implantation du communisme.  

b. Déclin du pouvoir que donnait l'apanage de la haine et de l'usage de la violence. Or maintenant, cet apanage de la haine échappe lui-aussi aux mains des communistes.

Il n'est pas question de s'étendre ici sur les causes complexes de ce fait. Il suffit de noter qu'au cours de ces vingt dernières années, les communistes ont retiré de moins en moins d'avantages de la violence. Pour le prouver, que l'on se souvienne de l'invariable échec des guérillas et du terrorisme disséminés dans toute l'Amérique Latine.

Il est vrai qu'en Afrique la violence entraîne presque tout le continent vers le communisme. Mais ce fait est très peu représentatif des tendances de l'opinion publique dans le reste du monde. Car le primitivisme place la plupart des populations aborigènes de ce continent dans des conditions tout à fait à part, et la violence y a gagné ses adeptes non à cause de motivations principalement idéologiques, mais par des ressentiments anticolonialistes dont la propagande communiste a su se prévaloir avec son astuce coutumière.  

c. Fruit et preuve de ce déclin : la IIIe Révolution se métamorphose en révolution souriante. La métamorphose que la IIIe Révolution s'est imposée est la preuve la plus claire qu'elle perd, depuis vingt ou trente ans, de sa capacité de créer et de diriger la haine révolutionnaire.

Lors du dégel post-stalinien avec l'Occident, la IIIe Révolution s'est affublée d'un masque souriant, elle est passée de la polémique au dialogue, elle a simulé un changement de mentalité et d'attitude, et s'est ouverte à toute espèce de collaboration avec des adversaires qu'elle essayait auparavant d'écraser par la violence.

Sur la scène internationale, la Révolution a évolué ainsi successivement de la guerre froide à la coexistence pacifique, puis à la « chute des barrières idéologiques » et enfin à la collaboration ouverte avec les puissances capitalistes, sous les étiquettes publicitaires de « l'Ostpolitik » ou de la « Détente ».

Sur la scène intérieure des divers pays d'Occident, la « politique de la main tendue », qui avait été au temps de Staline un pur artifice pour enjôler de petites minorités catholiques de gauche, s'est transformée en une véritable « détente » entre communistes et pro-capitalistes, moyen idéal utilisé par les Rouges pour établir des relations cordiales et des rapprochements trompeurs avec tous leurs adversaires, que ceux-ci appartiennent à la sphère spirituelle ou à la sphère temporelle. On a vu ainsi se succéder les tactiques « amiables », comme celle des « compagnons de route », celle de l'eurocommunisme légaliste, affable et prudent envers Moscou, celle du compromis historique, etc.

Ainsi que nous l'avons déjà remarqué, tous ces stratagèmes offrent actuellement des avantages à la IIIe Révolution. Mais la fructification de ces avantages est lente, graduelle et subordonnée à un grand nombre de variables.

Au faîte de son pouvoir, la IIIe Révolution a cessé de menacer et d'agresser ; elle s'est mise à sourire et quémander. Elle n'avance plus au pas cadencé et en bottes de cosaque, mais elle progresse lentement, à pas furtifs. Elle a abandonné la ligne droite - toujours la plus courte - pour un chemin en zigzags jalonné d'incertitudes.

- Quelle énorme transformation en vingt ans !

 

C. Objection: les succès communistes en Italie et en France

Mais - dira-t-on - les succès obtenus par cette tactique, que ce soit en Italie ou en France, ne permettent pas d'affirmer que le communisme soit en recul dans le monde libre ; ou que, du moins, sa progression soit plus lente que celle du communisme grimaçant des époques de Lénine et de Staline.

A cette objection, on doit tout d'abord répondre que les récentes élections générales en Suède, en Allemagne de l'Ouest et en Finlande, ainsi que les élections régionales en Angleterre et l'actuelle instabilité du cabinet travailliste expriment bien l'inappétence des masses à l'égard des « paradis » socialistes, de la violence communiste, etc (74).

Certains symptômes montrent que l'exemple de ces pays a déjà commencé à se répercuter dans ces deux grandes nations catholiques et latines de l'Europe occidentale, nuisant ainsi aux progrès communistes.

Mais, à notre avis, il faut surtout mettre en doute l'authenticité communiste de la croissance des votes en faveur du PC italien ou du PS français (nous parlons du PS, vue la stagnation du PC en France).

Ces deux partis (le PCI et le PSF) sont loin, l'un comme l'autre, d'avoir bénéficié exclusivement des votes de leur propre électorat. Des appuis catholiques certainement considérables - et dont l'ampleur réelle ne sera révélée dans toute son extension que par l'Histoire - ont créé autour du PC italien des illusions, des faiblesses, des atonies, des complicités tout à fait exceptionnelles. La projection électorale de ces circonstances étonnantes et artificielles explique en grande partie la croissance du nombre des votants pro-PC, dont beaucoup ne sont absolument pas des électeurs communistes. Et dans ce même ordre de faits, il ne faut pas oublier l'influence directe ou indirecte qu'ont sur le scrutin certains Crésus, dont l'attitude franchement collaborationniste à l'égard du communisme donne lieu à des manœuvres électorales dont la IIIe Révolution tire un profit évident. On peut faire des observations analogues à propos du PS français.

 

3. Haine et violence métamorphosées engendrent la guerre psychologique révolutionnaire totale

Pour mieux saisir la portée des immenses transformations de la IIIe Révolution dans ces vingt dernières années, il faut analyser dans son ensemble le grand espoir actuel du communisme : la guerre psychologique révolutionnaire.

Fondé nécessairement sur la haine et tourné, par sa propre logique interne, vers l'usage de la violence exercée au moyen de guerres, de révolutions et d'attentats, le communisme international s'est vu toutefois obligé, par d'importantes et profondes modifications de l'opinion publique, à dissimuler sa rancœur ainsi qu'à feindre de renoncer aux guerres et aux révolutions. Nous l'avons déjà dit.

Si le communisme y renonçait sincèrement, il se démentirait tant qu'il s'autodétruirait.

Au contraire, il n'emploie le sourire que comme une arme d'agression et de guerre. Il n'abolit pas la violence, mais la transfère du champ d'action physique et tangible à celui des opérations psychologiques intangibles. Son objectif : remporter à l'intérieur des âmes, par étapes et invisiblement, la victoire que certaines circonstances l'empêchent de remporter d'une manière drastique et visible, selon les méthodes classiques.

Bien entendu, il ne s'agit pas de quelques opérations éparses et sporadiques dans le domaine de l'esprit. Il est question, au contraire, d'une véritable guerre de conquête - psychologique, oui, mais totale - visant tout l'homme et tous les hommes, dans tous les pays. 

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Ici s’insère un commentaire ajouté par l’auteur en 1992:

Guerre psychologique révolutionnaire: « révolution culturelle » et Révolution dans les tendances

A partir de la rébellion de la Sorbonne, en mai 1968, de nombreux auteurs socialistes, et marxistes en général, se mirent à reconnaître la nécessité d'une forme de révolution préalable aux transformations politiques et socio-économiques, qui opérerait dans la vie quotidienne, les mœurs, les mentalités, les façons d'être, de sentir et de vivre. C'est ce qui a été appelé la « révolution culturelle ».

Ces auteurs considèrent que cette étape, principalement psychologique et tendancielle, est indispensable pour atteindre le changement de mentalité nécessaire à l'implantation de l'utopie égalitaire. Sans cette préparation, la transformation révolutionnaire et les « changements de structures » qui en découleraient ne seraient qu'éphémères.

Le concept de « révolution culturelle » embrasse, avec une analogie impressionnante, le domaine déjà désigné, par « Révolution et Contre-Révolution » en 1959, comme propre à la révolution dans les tendances (75). 

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Continuation du texte de 1976 :

Il convient d'insister sur ce concept de guerre révolutionnaire psychologique totale.

En effet, la guerre psychologique vise tout le « psychique » de l'homme, c'est-à-dire qu'elle le façonne dans les diverses facultés de son âme et dans toutes les fibres de sa mentalité.

Elle vise tous les hommes: aussi bien les partisans ou sympathisants de la IIIe Révolution, que les neutres ou même les adversaires.

Elle met à profit tous les moyens. A chaque pas, il lui faut disposer d'un facteur spécifique pour amener insensiblement chaque groupe social et même chaque homme à s'approcher un tant soit peu du communisme. Et cela dans tous les domaines : dans les convictions religieuses, politiques, sociales et économiques, dans les orientations culturelles, les préférences artistiques, le comportement en famille, dans la profession et dans la société.

 

A. Les deux grands buts de la guerre psychologique révolutionnaire

Etant données les difficultés actuelles du recrutement idéologique de la IIIe Révolution, son activité la plus fructueuse s'exerce, non pas sur les amis et sympathisants, mais sur les neutres et sur les adversaires :

a. leurrer et endormir peu à peu les neutres;

b. diviser à tout moment, désorganiser, isoler, terroriser, diffamer, persécuter et bloquer les adversaires;

- voilà, à notre avis, les deux grands buts de la guerre psychologique révolutionnaire.

Ainsi la IIIe Révolution devient capable de vaincre plus par l'anéantissement de ses adversaires que par la multiplication de ses partisans.

Pour mener cette guerre, le communisme mobilise évidemment toutes les ressources dont il dispose dans les pays occidentaux grâce à l'apogée où est parvenue l'offensive de la IIIe Révolution dans ces pays.

 

B. La guerre psychologique révolutionnaire totale, une résultante de l'apogée de la IIIe Révolution et des embarras où elle se trouve

La guerre psychologique révolutionnaire totale est donc la résultante de deux facteurs contradictoires, déjà mentionnés: l'apogée d'influence du communisme sur presque tous les points clés du grand organisme qu'est la société occidentale et, d'autre part, le déclin de sa capacité de persuasion et d'entraînement sur les couches les plus profondes de l'opinion publique de l'Occident.

 

4. L'offensive psychologique de la IIIe Révolution dans l'Eglise

Il serait impossible de décrire cette guerre psychologique sans traiter avec soin de son déroulement dans ce qui est l'âme même de l'Occident, autrement dit le christianisme, et plus précisément la Religion Catholique, qui est le christianisme dans sa plénitude absolue et dans son unique authenticité.

 

A. Le Concile Vatican II

Dans la perspective de « Révolution et Contre-Révolution », le succès des succès remporté par le communisme post-stalinien souriant a été le silence énigmatique, déconcertant et atterrant, apocalyptiquement tragique du Concile Vatican II au sujet du communisme.

Ce Concile s'est voulu pastoral et non dogmatique. Il n'a pas eu effectivement de portée dogmatique. Mais en outre, son omission à propos du communisme peut le faire passer à l'Histoire comme le Concile a-pastoral.

Comment cela ?

Que le lecteur se figure un immense troupeau languissant dans des champs pauvres et arides, attaqué de toutes parts par des essaims d'abeilles, de guêpes et des oiseaux de proie.

Les bergers se mettent à irriguer la prairie et à éloigner les essaims. - Cette activité peut-elle être qualifiée de pastorale ? - En théorie, certainement. Pourtant, dans l'hypothèse où le troupeau serait attaqué en même temps par des meutes de loups voraces dont beaucoup se cacheraient sous des peaux d'agneaux, et où les pasteurs omettraient complètement de débusquer les loups pour les mettre en fuite, tout en luttant contre les insectes et les oiseaux, leur oeuvre pourrait-elle être qualifiée de pastorale, autrement dit, de propre à de bons et fidèles pasteurs ?

En d'autres termes, ont-ils agi comme de véritables Pasteurs ceux qui, au Concile Vatican II, ont voulu chasser les adversaires "mineurs" et ont laissé toute liberté de mouvement - par leur silence - à l'adversaire « majeur » ?

Avec les tactiques « aggiornate » - dont le moins qu'on puisse dire, d'ailleurs, est qu'elles sont contestables en théorie et se montrent ruineuses en pratique - le Concile Vatican II a tenté, disons, de chasser les abeilles, les guêpes et les oiseaux de proie. Son silence sur le communisme a laissé toute liberté aux loups. L'œuvre de ce concile ne peut être inscrite ni dans l'Histoire, ni dans le Livre de Vie, comme effectivement pastorale.

C'est dur à dire. Mais l'évidence des faits désigne en ce sens le Concile Vatican II comme l'une des plus grandes calamités, sinon la plus grande, de l'histoire de l'Eglise (76). Depuis lors, la « fumée de Satan » a pénétré dans l'Eglise dans des proportions inimaginables et elle se dilate jour après jour, avec la terrible force d'expansion des gaz. Au scandale d'innombrables âmes, le Corps Mystique du Christ est entré dans le sinistre processus de ce qui ressemble à une autodémolition. 

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Commentaire de 1992:

Calamités surprenantes dans la phase post-conciliaire de l'Eglise

Le témoignage de Paul VI dans l'allocution Resistite fortes in fide, du 29 juin 1972, est d'une importance historique fondamentale en ce qui concerne les calamités de la phase post-conciliaire dans l'Eglise. Voici la version de la Poliglotte Vaticane: « Se référant à la situation de l'Eglise aujourd'hui, le Saint Père affirme avoir la sensation que "par certaine fissure, la fumée de Satan est entrée dans le temple de Dieu". Il existe - rapporte la Poliglotte - le doute, l'incertitude, la complexité des problèmes, l'inquiétude, l'insatisfaction, le choc. On n'a plus confiance dans l'Eglise; on fait confiance au premier prophète profane [étranger à l'Eglise] qui vient nous parler, à travers un journal ou un mouvement social, afin de courir derrière lui et de lui demander s'il a la formule de la véritable vie. Et nous ne nous rendons pas compte que nous la possédons déjà et que nous en sommes maîtres. Le doute est entré dans nos consciences, et il est entré par des fenêtres qui devaient être ouvertes à la lumière. (...)

« Dans l'Eglise règne aussi cet état d'incertitude. On croyait qu'après le Concile viendrait un jour ensoleillé pour l'histoire de l'Eglise. Est venu, au contraire, un jour chargé de nuages, de tempête, d'obscurité, de recherche, d'incertitude. Nous préchons l'œcuménisme et nous nous éloignons de plus en plus les uns des autres. Nous cherchons à creuser des abîmes au lieu de les combler.

« Comment cela est-il arrivé ? Le Pape confie aux personnes présentes son idée: qu'il y a eu intervention d'un pouvoir opposé. Son nom est diable, cet être mystérieux auquel Saint Pierre fait aussi allusion dans son Epître » (77).

Quelques années auparavant, le 7 décembre 1968, ce même Pape avait déclaré, dans une allocution aux étudiants du séminaire lombard : « L'Eglise traverse aujourd'hui un moment d'inquiétude. Certains pratiquent l'autocritique, on dirait même l'autodémolition. C'est comme une perturbation intérieure, aigüe et complexe, que personne n'attendait après le Concile. On pensait à une floraison, à une diffusion sereine des concepts muris dans la grande assemblée conciliaire. Il y a encore, dans l'Eglise, cet aspect, celui de la floraison. Mais étant donné que "bonum ex integra causa, malum ex quocumque defectu", on fixe davantage son attention sur l'aspect douloureux. L'Eglise est frappée aussi par ceux qui en font partie » (78).

Sa Sainteté Jean-Paul II a lui-aussi tracé un panorama sombre de la situation de l'Eglise: « Il est nécessaire d'admettre avec réalisme, et avec une sensibilité profonde et émue, que les chrétiens aujourd'hui se sentent en grande partie perdus, confus, perplexes et même désillusionnés : on a diffusé avec prodigalité des idées contrastant avec la Vérité révélée et enseignée depuis toujours ; on a diffusé de véritables hérésies dans le domaine dogmatique et moral, créant des doutes, des confusions et des rébellions ; on a altéré même la liturgie ; immergés dans le "relativisme" intellectuel et moral et par conséquent dans le "permissivisme", les chrétiens sont tentés par l'athéisme, par l'agnosticisme, par l'illuminisme vaguement moraliste, par un christianisme sociologique, sans dogme défini et sans morale objective » (79).

Plus tard, le cardinal Joseph Ratzinger, Préfet de la Sacrée Congrégation pour la Doctrine et la Foi s'est exprimé de façon similaire : « Les résultats qui ont suivi le Concile paraissent cruellement opposés aux attentes de tous, à commencer par le pape Jean XXIII puis Paul VI. (...) Les Papes et les Pères conciliaires espéraient une nouvelle unité catholique et on s'est acheminé au contraire vers une dissension qui - pour utiliser les mots de Paul VI - a semblé passer de l'autocritique à l'autodémolition. On espérait un nouvel enthousiasme; à sa place, on a fini par tomber trop souvent dans la tiédeur et le découragement. On espérait un saut en avant; et nous nous trouvons en fait devant un processus de décadence progressive (...). » Il conclut: « On déclare clairement qu'une réforme réelle de l'Eglise présuppose un abandon sans équivoque des chemins erronés qui ont conduit à des conséquences indéniablement négatives » (80). 

*    *    *

Suite du texte de 1976 :

L'Histoire raconte les innombrables drames que l'Eglise a vécus dans les vingt siècles de son existence. Des oppositions ont germé du dehors, et du dehors ont cherché à la détruire. Des tumeurs formées en son sein, mais retranchées par elle, se sont acharnées de l'extérieur à l'anéantir.

- Quand, pourtant, l'Histoire a-t-elle vu, avant nos jours, une tentative de démolition de l'Eglise, non plus faite cette fois par un adversaire, mais qualifiée d' « autodémolition » dans une déclaration de source éminente et de répercussion mondiale ? (81)

Une immense débâcle en a résulté pour l'Eglise et pour ce qui subsiste de la Civilisation chrétienne. L'"Ostpolitik vaticane, par exemple, et la gigantesque infiltration du communisme dans les milieux catholiques sont des effets de toutes ces calamités. Et ils constituent autant de succès de l'offensive psychologique de la IIIe Révolution contre l'Eglise. 

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Commentaire de 1992:

L'Ostpolitik vaticane: des effets qui surprennent aussi

En lisant aujourd'hui ces lignes sur l'Ospolitik, on pourrait se demander si l'énorme transformation intervenue en Russie ne résulterait pas d'un jeu « génial » de la Hiérarchie ecclésiastique. Le Vatican, se basant sur des informations de la meilleure source, aurait prévu que le communisme, corrodé par les crises internes, allait commencer à s'autodémolir. Et pour inciter le quartier-général mondial de l'athéisme matérialiste à pratiquer cette autodémolition, l'Eglise catholique, située à l'autre pôle du panorama idéologique, aurait simulé sa propre autodémolition. La persécution qu'elle subissait alors de la part du communisme se serait très sensiblement atténuée: entre moribonds, certaines connivences seraient concevables. La flexibilité de l'Eglise aurait entraîné ainsi la flexibilité du monde communiste.

A cela il conviendrait de répondre que si la Sainte Hiérarchie savait que le communisme se trouvait dans des conditions d'indigence et de ruine telles qu'il allait être obligé de s'autodémolir, elle devait dénoncer cette situation et convoquer tous les peuples de l'Occident à préparer le chemin pour l'assainissement de la Russie et du monde dès la chute du communisme. Elle ne pouvait se taire et laisser le phénomène se produire en marge de l'influence catholique ainsi que de la coopération généreuse et zélée des gouvernements occidentaux. Car c'est seulement en faisant cette dénonciation qu'il aurait été possible d'éviter la situation provoquée actuellement par l'écroulement soviétique: une impasse où tout est misère et imbroglio.

Il est faux de toutes façons que l'autodémolition de l'Eglise ait avancé l'autodémolition du communisme, à moins que l'on suppose l'existence d'un traité occulte entre les deux parties, une sorte de pacte suicidaire, un traité dont le moins que l'on puisse dire est qu'il manque de légitimité et d'utilité pour le monde catholique ; ceci sans mentionner tout ce que cette pure hypothèse contient d'offensant pour les papes sous les pontificats desquels se serait effectuée cette double euthanasie. 

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Suite du texte de 1976 : 

B. L'Eglise, centre actuel du choc entre la Révolution et la Contre-Révolution

En 1959, date à laquelle a été écrit « Révolution et Contre- Révolution », l'Eglise était considérée comme la grande force spirituelle opposée à l'expansion mondiale de la secte communiste. En 1976, d'innombrables ecclésiastiques, y compris des évêques, figurent comme complices par omission, collaborateurs, ou même forces de propulsion de la IIIe Révolution. Le progressisme, installé pratiquement partout, transforme en bois facilement inflammable par le communisme la forêt jadis verdoyante de l'Eglise Catholique.

En un mot, la portée de cette transformation est telle que nous n'hésitons pas à affirmer que le centre, le point le plus sensible et vraiment le plus décisif de la lutte entre la Révolution et la Contre-Révolution s'est déplacé de la société temporelle vers la société spirituelle : il est dans la Sainte Eglise, où s'affrontent d'un côté les progressistes, les cryptocommunistes et les procommunistes, et de l'autre, les antiprogressistes et les anticommunistes (82).

 

C. Réactions basées sur « Révolution et Contre-Révolution »

A la vue de si grandes transformations, l'efficacité de « Révolution et Contre-Révolution » se trouve-t-elle annulée ? - Tout au contraire.

En 1968, les TFP existant alors en Amérique du Sud, inspirées de la partie II de cet essai – « La Contre-Révolution » -, ont organisé un ensemble de pétitions à Paul VI, demandant des mesures contre l'infiltration de gauche dans le clergé et chez les laïcs catholiques de l'Amérique du Sud.

Au total, ces pétitions ont rassemblé, en 58 jours, au Brésil, en Argentine, au Chili et en Uruguay, 2.060.368 signatures. Jusqu'à présent c'est, à notre connaissance, l'unique pétition de masse qui ait regroupé des fils de quatre nations d'Amérique du Sud. Et en chacun des pays où elle a été réalisée, c'est, toujours à notre connaissance, la plus grande pétition de leurs histoires respectives(83). La réponse de Paul VI ne fut pas seulement le silence et l'inaction. Ce fut aussi - combien il nous est douloureux de le dire - une succession d'actes, dont les effets courent encore aujourd'hui, qui ont doté de prestige et de facilité d'action tant de propulseurs de la gauche catholique.

Devant cette marée montante de l'infiltration communiste dans la Sainte Eglise, les TFP et organisations similaires ne se sont pas découragées. En 1974, chacune d'elles a publié une déclaration (84) où étaient exprimés son désaccord avec l'Ostpolitik vaticane et son ferme propos de « lui résister en face » (85). Une phrase de la déclaration, relative à Paul VI, exprime l'esprit du document : « A genoux, le regard tourné avec vénération vers Sa Sainteté le Pape Paul VI, nous lui manifestons toute notre fidélité. En cet acte filial, nous disons au Pasteur des Pasteurs : Notre âme est vôtre, notre vie est vôtre. Ordonnez-nous ce que vous voudrez. Mais ne nous demandez pas de croiser les bras devant le loup rouge qui mène l'assaut. A cela notre conscience s'oppose ».

Ne voulant pas en rester là, les TFP et organisations similaires ont propagé dans leurs pays respectifs, au cours de cette même année, neuf éditions du best-seller de la TFP andine L'Eglise du silence au Chili - La TFP proclame la vérité entière (86).

Dans presque tous ces pays, les éditions ont été précédées chacune d'un prologue décrivant de multiples et impressionnants faits locaux en consonance avec ce qui était arrivé au Chili.

L'accueil réservé à ce grand effort de propagande peut déjà être qualifié de succès : en tout ont été imprimés 56.000 exemplaires, seulement en Amérique du Sud où, dans les pays les plus peuplés, l'édition d'un livre de cette nature, dans le meilleur des cas, atteint habituellement le chiffre de 5.000 exemplaires.

En Espagne, une pétition impressionnante fut réalisée: elle reçut la signature de plus de mille prêtres séculiers et réguliers de toutes les régions du pays manifestant à la Société Culturelle Covadonga (87) son appui décidé au courageux prologue de l'édition espagnole.

 

D. Utilité de l'action des TFP et organisations similaires, inspirées de « Révolution et Contre-Révolution »

Quelle utilité pratique l'activité contre-révolutionnaire des TFP, inspirée de « Révolution et Contre-Révolution », a-t-elle eue sur ce champ de bataille particulier ?

En dénonçant à l'opinion catholique le danger de l'infiltration communiste, les TFP lui ont ouvert les yeux sur les trames ourdies par les Pasteurs infidèles. Par conséquent, chaque fois moins de brebis se trouvent entraînées sur les chemins de perdition où ils se sont fourvoyés. C'est ce que l'observation des faits, si sommaire soit-elle, permet de constater.

Cela ne constitue pas une victoire en soi. Mais c'en est une condition précieuse et indispensable. Les TFP rendent grâce à la Très Sainte Vierge d'apporter de cette manière leur contribution - dans l'esprit et les méthodes de la deuxième partie de « Révolution et Contre-Révolution » - à la grande lutte dans laquelle d'autres forces saines (certaines d'envergure et de capacité d'action importantes) se trouvent aussi engagées.

 

5. Bilan de vingt années de IIIe Révolution, selon les critères de « Révolution et Contre-Révolution »

Voilà donc à grands traits la situation de la IIIe Révolution et de la Contre-Révolution, telle qu'elle se présente peu avant le vingtième anniversaire de la publication du livre.

D'une part, l'apogée de la IIIe Révolution rend plus difficile que jamais un succès à court terme de la Contre-Révolution.

D'autre part, cette allergie anti-socialiste, qui constitue à présent un obstacle sérieux à la victoire du communisme, crée à moyen terme des conditions nettement propices pour la Contre-Révolution. Aux divers groupes contre-révolutionnaires épars à travers le monde revient la noble responsabilité historique d'en tirer parti.

Les TFP ont cherché à réaliser leur part de l'effort commun : en se propageant au cours de ces presque vingt ans à travers l'Amérique, avec une toute nouvelle TFP en France, en suscitant une organisation apparentée et dynamique dans la péninsule ibérique, en se faisant connaître et en étendant leurs contacts dans d'autres pays du Vieux Monde, avec de vifs désirs de collaboration à l'égard de tous les groupes contre-révolutionnaires qui y bataillent (88).

Vingt ans après le lancement de « Révolution et Contre-Révolution », les TFP et organisations similaires se trouvent épaule contre épaule avec les organisations de premier plan dans la lutte contre-révolutionnaire. 


Notes :

(70) Cf. Introduction et Partie I - chap. III, 5, A-D.

(71) Nous parlons de l'infiltration du communisme dans les différentes églises. Il est indispensable de relever que cette infiltration constitue un danger suprême pour le monde, particulièrement lorsqu'elle est menée dans la Sainte Eglise Catholique, Apostolique et Romaine. Car celle-ci n'est pas seulement une espèce dans le genre « église ». Elle est l'unique Eglise vivante et véritable du Dieu vivant et véritable, l'unique Epouse mystique de Notre Seigneur Jésus-Christ. Par rapport aux autres églises, Elle n'est pas comme un diamant plus grand et plus rutilant par rapport à des brillants plus petits et moins rutilants. Elle est comme un unique diamant véritable au milieu de « congénères » de verre...

(72) A partir du mois de février 1990, sous le titre Communisme et anticommunisme à l'orée de la dernière décennie de ce millénaire, une ferme interpellation de l'auteur fut lancée aux leaders communistes russes et occidentaux, à propos de la « perestroïka ». Publiée dans 21 journaux de huit pays, elle reçut une grande répercussion, spécialement en Italie. Aperçu, organe de la TFP française, la reproduisit dans son numéro du 13 mai 1990.

(73) Editions Best Seller, Sao Paulo, 1987, p. 35.

(74) Cette très vaste saturation antisocialiste en Europe occidentale constitue, il est vrai, un renforcement du centre et non de la droite. Mais elle a un rejaillissement indiscutable dans la lutte entre la Révolution et la Contre-Révolution. Car dans la mesure où le socialisme européen sentira qu'il perd ses bases, ses chefs devront publiquement affecter quelque distance, quelque défiance même vis-à-vis du communisme. A leur tour, les courants centristes, pour ne pas se confondre aux yeux de leur électorat avec les socialistes, devront manifester une position plus nettement anticommuniste que ces derniers, tandis que l'aile droite de ces partis centristes devra se déclarer d'un antisocialisme militant. En d'autres termes, il se produira dans les courants de gauche et du centre favorables à la collaboration avec le communisme, l'effet produit sur un train quand la locomotive est brusquement freinée. Le wagon qui la suit reçoit le choc et se trouve projeté en sens inverse de sa direction initiale. A son tour, le premier wagon transmet le choc, accompagné d'un effet analogue sur le wagon suivant. Et ainsi de suite jusqu'à la queue du convoi.

- Le renforcement actuel de l'allergie antisocialiste sera-t-il la première manifestation d'un phénomène profond, de nature à affaiblir durablement le processus révolutionnaire ? Ou bien alors un simple soubresaut du bon sens, ambigu et passager, au milieu du chaos contemporain ? - C'est ce que les faits ne permettent pas encore de dire.

(75) Cf. Partie I, chap. 5.

(76) Cf. Sermon de Paul VI, du 29/6/1972.

(77) Cf. Insegnamenti di Paolo VI, Tipografia Poliglotta Vaticana, vol. X, p. 707-709.

(78) Cf. Insegnamenti di Paolo VI, Tipografia Poliglotta Vaticana, vol. VI, p. 1188.

(79) Allocution du 6/2/81 aux religieux et prêtres participant au Ier Congrès national italien sur le thème "Missions auprès du peuple pour les années 80", in L'Osservatore Romano, 7/2/81.

(80) Cf. Vittorio Messori, A coloquio con il cardinale Ratzinger, Rapporto sulla fede, Edizioni Paoline, Milano, 1985, p. 27-28.

(81) Cf. Allocution de Paul VI au Séminaire lombard, le 7/12/1968.

(82) Depuis les années trente, nous avons employé, avec le groupe qui plus tard a fondé la TFP brésilienne, le meilleur de notre temps et de nos possibilités d'action et de lutte à des combats avant-coureurs de la grande crise interne de l'Eglise. La première salve d'envergure dans cette lutte fut la publication du livre En défense de l'Action catholique (Editora Ave Maria, Sao Paulo, 1943), qui dénonçait la résurgence des erreurs modernistes dans l'Action catholique brésilienne. Il faut aussi mentionner notre étude postérieure L'Eglise devant l'escalade de la menace communiste - Appel aux évêques silencieux (Editora Vera Cruz, Sao Paulo, 1976, p. 37 à 53). Plus de quarante ans se sont déjà écoulés. La lutte, aujourd'hui, bat son plein. Elle donne à prévoir des développements d'une ampleur et d'une intensité difficiles à évaluer. Dans cette lutte, nous nous réjouissons de la présence, dans le cadre des TFP et des associations similaires, de tant de nouveaux frères d'idéal, dans plus de vingt pays, sur tous les continents. C'est aussi sur le champ de bataille que les soldats du bien peuvent légitimement se dire les uns aux autres : "quam bonum et quam jucundum habitare fratres in unum" - Combien il est bon et doux de vivre unis à ses frères (Ps. CXXXII, 1).

(83) Postérieurement, en 1990, les TFP des différents pays réalisèrent ensemble la plus grande pétition de l'Histoire: ce fut pour la libération de la Lituanie, alors sous le joug soviétique, obtenant le chiffre impressionnant de 5.212.580 signatures.

(84) Sous le titre La politique de détente du Vatican avec les gouvernements communistes - Pour la TFP: s'abstenir ou résister ?, cette déclaration - véritable manifeste - a été successivement publiée à partir d'avril 1974 dans 57 journaux de onze pays.

(85) Gal. 2, 11.

(86) Cet ouvrage monumental par sa documentation, par son argumentation et par les thèses qu'il défend, a eu un précurseur, véritablement épique, avant même l'installation du communisme au Chili. Il s'agit du livre de Fabio Vidigal Xavier da Silveira, "Frei, le Kerensky chilien", qui a dénoncé la collaboration décisive du Parti Démocrate Chrétien de ce pays, et de son leader Eduardo Frei, alors président de la République, en vue de préparer la victoire marxiste. Ce livre a eu dix-sept éditions, dépassant au total les cent mille exemplaires, dans les pays suivants : Brésil, Argentine, Equateur, Colombie, Venezuela et Italie.

(87) Aujourd'hui elle porte le nom de Sociedad Española de Defensa de la Tradición, Familia y Propiedad - TFP Covadonga.

(88) Jusqu'à présent, il existe des TFP ou organisations analogues dans les pays suivants: Brésil, Afrique du Sud, Allemagne, Argentine, Australie, Bolivie, Canada, Colombie, Chili, Equateur, Espagne, Etats-Unis, France, Guatémala, Inde, Paraguay, Pérou, Portugal, Uruguay et Vénézuéla. Celles-ci ont fondé aussi des bureaux de représentation dans les villes suivantes: Rome, Paris, Francfort, Londres, Edimbourg, Cracovie, San José de Costa Rica, et Sydney. De même, des amis des TFP ont formé récemment un groupe aux Philippines: une force réelle en puissance.

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